Des substances chimiques très toxiques
Les dioxines et les polychlorobiphényles (PCB) sont des substances chimiques particulièrement toxiques pour l’homme et l’environnement. Il s’agit en effet de polluants organiques persistants (POP), c’est-à-dire des substances toxiques qui s’accumulent dans les organismes vivants et ne sont plus éliminées. Ces polluants entraîneraient des effets néfastes sur la reproduction (risques de perturbation endocrinienne), et probablement des effets cancérigènes.
• Très toxiques à de très faibles concentrations
Les dioxines appartiennent à une famille de 210 substances chimiques dites « organochlorées » (molécules de carbone, hydrogène et chlore). Certaines d’entre elles sont toxiques, voire très toxiques, à de très faibles concentrations : dioxine de Seveso, TCDD ou tétrachloro-dibenzo-paradioxine (l’accident de l’usine chimique de Seveso en 1976 avait libéré un nuage contenant du TCDD).
Les dioxines proviennent de réactions chimiques et de combustions incomplètes de produits contenant du chlore. La métallurgie, la sidérurgie, l’incinération de déchets… sont en cause, ainsi que des phénomènes naturels tels que les incendies et les éruptions de volcans. La responsabilité la plus lourde reviendrait aux incinérations non contrôlées de déchets (déchets solides, déchets d’hôpitaux). Seules des incinérations à très haute température (plus de 850°) permettent de détruire la majeure partie des matières contaminées.
• Concentration dans la chaîne alimentaire
Stables, très solubles dans les graisses (lipophiles), les dioxines s’accumulent dans les sols, contaminent les plantes, les animaux qui s’en nourrissent, les aliments (poissons, fruits de mer, produits laitiers…) et au final l’homme. Elles se stockent dans les tissus graisseux et se concentrent dans l’organisme tout au long de la vie. On peut ainsi les retrouver dans le sein maternel. Dans l’environnement, elles tendent donc à s’accumuler dans la chaîne alimentaire : plus on avance dans la chaîne, plus les concentrations augmentent. Selon l’OMS, 90% de l’exposition humaine aux dioxines passe par l’alimentation (viandes, poissons, produits laitiers, fruits de mer…).
• Les risques pour la santé
La toxicité chronique aux dioxines, encore mal connue, provoquerait des dommages sur les plans immunitaire, endocrinien, nerveux et de la reproduction. Les dioxines sont suspectées de causer des cancers. Les bébés sont parmi les plus exposés en raison d’un possible transfert de ces molécules au travers du placenta et du lait maternel. Les études sur le lait maternel montreraient une baisse de la présence de dioxines ces dernières années, baisse liée à des règlementations plus sévères Selon les évaluations du Comité mixte FAO/OMS d’experts des additifs alimentaires (JECFA), la dose mensuelle tolérable provisoire (DMTP) en matière de dioxines et de PCB de type de dioxine serait de 70 picogrammes/kg par mois. Sous ce seuil, il n’y aurait pas d’effets détectables sur la santé. Cette évaluation prend en compte la dissipation au bout de quelques années d’une partie des effets toxiques des dioxines.
• Des scandales alimentaires fréquents
Les exemples d’accidents à la dioxine ne manquent pas ces dernières années : détection dans le lait aux Pays-Bas en 2004 suite à l’utilisation d’argile pour la production d’aliments pour animaux, graisse contaminée toujours aux Pays-Bas en 2008 ; en Irlande, en 2008, des tonnes de viande de porc contaminées jusqu’à 200 fois, toujours via l’alimentation pour animaux… En juillet 2007, la Commission européenne a dû émettre un avis sanitaire pour alerter sur de la gomme guar importée d’Inde, contenant un pesticide contaminée par une dioxine. Cette gomme était utilisée comme épaississant dans la viande, les produits laitiers, les desserts, la charcuterie… Autre cas exotique, des pulpes d’agrumes importées du Brésil et utilisées dans l’alimentation pour vaches en Allemagne, contenant des dioxines que l’on a retrouvé dans le lait !
• Les actions des autorités supranationales
L’OMS et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) collaborent dans le cadre de la Convention de Stockholm pour réduire les émissions de polluants organiques persistants (POP) dont les dioxines. Des études sont menées pour évaluer la présence de ces polluants dans le lait maternel et « l’exposition de fond » actuelle aux dioxines. Dans tous les cas, la protection des consommateurs repose essentiellement sur la rigueur des contrôles des processus industriels d’une part, sur la qualité et la vigilance des contrôles sanitaires d’autre part.
Source : Organisation Mondiale de la Santé. www.who.int/mediacentre/factsheets