L’eau du robinet, une qualité de plus en plus menacée

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eau robinet

L’eau du robinet reste globalement de qualité en France. Mais ce tableau d’ensemble ne cesse de se dégrader, comme le dénonce UFC-Que Choisir. Et la dépollution de l’eau coûte de plus en plus cher !

 

Globalement, l’eau du robinet en France est encore de bonne qualité. Mais divers indicateurs ont commencé à virer au rouge. En quatre ans, de 2021 à 2025, le taux de conformité de l’eau potable a diminué de cinq points.  Cette dégradation officielle est notamment  liée à des contrôles plus poussés qui révèlent l’étendue réelle de la pollution, sous des formes jusqu’ici ignorées.

 

Selon les données de UFC-Que Choisir, les régions les plus touchées sont les Hauts-de-France, le Grand Est et l’Ile-de-France. Mais c’est dans toute la France, qu’il faut désormais assurer un coûteux traitement de l’eau pour la rendre potable. En cause, trois grandes familles de polluants : les nitrates, les pesticides, et les PFAS (prononcez pifass).

 

Les nitrates sont liés à des rejets urbains ou industriels, et à la pollution agricole due aux engrais minéraux et organiques). Les eaux distribuées aux consommateurs sont globalement de très bonne qualité vis-à-vis des nitrates. En 2023, 99,5 % de la population, a été alimentée en permanence par de l’eau conforme vis-à-vis des nitrates (concentration maximale inférieure ou égale à 50 mg/L).

 

 

Pesticides, une situation peu satisfaisante

 

 

 

En matière de pesticides (insecticides, herbicides, fongicides utilisés dans l’agriculture), la situation est bien moins satisfaisante. Quasiment 17 millions d’habitants (plus de 25 % de la population) ont été alimentés en 2023 par de l’eau du robinet au moins une fois non- conforme au cours de l’année 2023, et près de 12 millions de personnes ont été approvisionnés durant plusieurs semaines avec une eau non conforme, polluée par des pesticides ou des métabolites.

 

Car désormais, on s’interroge sur les métabolites, ces substances issues de la dégradation des molécules actives des pesticides. A chaque famille d’herbicide ou d’insecticide, sa kyrielle de métabolites. Soit des milliers de substances toxiques, dont même les toxicologues ne connaissent pas les dommages qu’elles peuvent occasionner à la santé. Cette pollution ne « tombe pas du ciel ». Elle est la conséquence directe de traitements intensifs des cultures durant plusieurs dizaines d’années qui ont finalement contaminé les sols français.

 

Lire aussi : Pollutions et contaminants de l’eau

 

 

Les petits réseaux et les micro-organismes

 

 

Qu’en est-il de la pollution liée aux micro-organismes – bactéries, virus et parasites ? Ils sont liés à une dégradation de la qualité de l’eau, un manque d’entretien des ouvrages de captages, une défaillance du traitement de désinfection ou à une contamination de l’eau lors de son transport ou stockage dans le réseau. En France, les réseaux desservant plus de 50 000 habitants offrent une eau de bonne qualité microbiologique.  Mais 11% de la population desservie par des petits réseaux de distribution (moins de 500 habitants) reçoivent une eau de qualité dégradée.

 

 

Plomb, radioactivité, Pifass

 

Mais l’éventail des polluants est terriblement étendu. Il y a le plomb ; la radioactivité ; les perchlorates (les sels de perchlorates proviennent en bonne partie de l’industrie de l’armement et de l’aérospatiale); et enfin les nouveaux polluants éternels (PFAS – Pifass). En janvier 2025, UFC Que Choisir et l’ONG Générations futures ont révélé, la présence massive de polluants éternels (PFAS) dans l’eau potable de 30 communes françaises. On n’a pas encore de vue d’ensemble de la situation du réseau concernant ces polluants très problématiques.

 

Lire : Graves polluants persistants dans l’eau

 

Selon UFC Que Choisir, le coût de la dépollution de l’eau potable est estimé à plus d’un milliard d’euros par an. Ce sont essentiellement les consommateurs qui assument cette charge avec leur facture d’eau. Cela devrait les inciter à promouvoir une agriculture moins utilisatrice de produits phytosanitaires polluants.;

 

 

JC Nathan

 

Sources :

UFC Que Choisir

France Info

santé.gouv.fr

Le Monde