Une sécurité sociale de l’alimentation ? Un système solidaire pour permettre à chacun d’accéder, selon ses revenus, à une alimentation de qualité.Tel est le projet utopique expérimenté à Montpellier.
Le projet de sécurité sociale de l’alimentation est « révolutionnaire ». Il se veut une alternative au système de redistribution alimentaire qui présente le défaut de systématiser une forme de charité, de stigmatiser les bénéficiaires et d’instaurer une relation de dépendance.
Une caisse alimentaire commune
En février 2023, avec l’aide de la municipalité de Montpellier, un collectif d’associations a lancé une expérience très originale de caisse alimentaire commune. Le principe : chaque participant cotise librement, selon ses moyens, de 1 à 150 euros par mois. Cette cotisation donne droit à l’équivalent de 100 euros de produits alimentaires, concrétisés par une monnaie solidaire, la mona (monA). Les produits sont fournis par des producteurs locaux, des groupements paysans, etc. et vendus dans divers points coopératifs et/ou associatifs (épicerie sociale, marché paysan…).
Territoires à vivre
Issue d’une réflexion d’une sociologue, Pauline Scherer, et d’un responsable de groupements agricoles locaux, Marco Locuratolo, l’initiative est portée par le collectif Territoires à vivre Montpellier, regroupant des associations (ATD Quart Monde, Secours catholique, VRAC & Cocinas…), des acteurs de l’économie sociale et solidaire, des groupements paysans, de chercheurs, la ville et la métropole de Montpellier. La Caisse alimentaire de Montpellier est gérée de façon démocratique par un comité de 47 personnes, comptant pour moitié des personnes dans la précarité.
Etre acteur
Le projet, en phase de démarrage, doit rapidement bénéficier à 200 à 300 personnes. L’expérience, suivie avec beaucoup d’intérêt dans toute la France par bien des responsables politiques et sociaux, est porteuse d’utopie démocratique et participative et d’une forte innovation sociale. Pour les personnes dans la précarité ou avec peu de moyens, cette expérience de caisse alimentaire commune signifie : acheter et choisir ses aliments, avec son argent, sans être dans la dépendance. Etre acteur de plein droit de la politique sociale et économique de la caisse. Participer à une expérience visant à multiplier les effets utiles (bénéfices sociaux, réponses à de véritables attentes). Encourager des productions agricoles responsables sur le plan social et environnemental.
Une Sécurité sociale de l’alimentation
Ce projet de sécurité sociale de l’alimentation est non seulement suivi mais aussi testé dans d’autres régions françaises. Cadenet dans le Vaucluse (association Au maquis) a lancé une expérience de caisse alimentaire. Bordeaux et Lyon travaillent sur des projets de même type. En parallèle, un collectif réunissant ISF-Agrista (association d’agronomes et de citoyens, en liaison avec Ingénieurs Sans Frontières), le réseau Civam – organisation professionnelle agricole attachée à l’éducation populaire, regroupant 12 000 fermes), la Confédération paysanne… milite activement en faveur d’une sécurité sociale de l’alimentation française.
Des parlementaires, des chercheurs-es, associations, paysans, producteurs, essayent aussi à leur niveau de faire avancer cette utopie d’une démocratie sociale alimentaire.
JC Nathan
Sources : www.lemonde.fr
Associations et organismes impliqués ou associés au projet Caisse alimentaire commune de Montpellier :
Alternatiba, ATD Quart-Monde, CCAS, Chaire Unesco Alimentation du Monde, CIRAD, CIVAM Bio 34, Croix-Rouge Insertion, EPSO – épicerie solidaire – Ugess, FAS Occitanie, FR CIVAM Occitanie, Grenier d’abondance, INPACT 34, La 5e saison, La cagette, supermarché coopératif, La Graine, monnaie locale complémentaire, L’esperluette-Celleneuve, Marché paysan, MIN de Montpellier, Petits débrouillards 34, Secours Catholique Hérault, Semeurs de jardin, SIAO, Vobsalim, Vrac & Cocinas, Ville de Montpellier, Montpellier Méditerranée Métropole.