Code nutritionnel, contre-offensive de l’agro-alimentaire

0
267

information nutritionnelleL’instauration d’un code nutritionnel, objectif et efficace, inquiète vraiment l’industrie agro-alimentaire, si l’on en juge aux divers contre-feux allumés. 

 

Au moment où l’Europe étudie l’adoption d’un code nutritionnel, six multinationales agro-alimentaires (Coca-Cola, Mars, Nestlé, PepsiCo, Unilever, Mondelez International) viennent d’annoncer qu’elles travaillent sur un étiquetage nutritrionnel simplifié. Inspiré d’un système existant en des indicateurs (graisses, sucres, sel…) en termes de portions.

 

Approche en termes de portions

 

Le nouveau code serait en partie fondé sur un système existant en Angleterre et en Irlande, dit reference intaxes (apports de référence), identifiant par un jeu de couleurs les apports de graisses totales, graisses saturées, sucres et sel, pour 100 milligrammes ou millilitres de produit. Les multinationales poussent à une approche en termes de « portions », incitatrice de petites portions. Elles ont pour ambition de rallier divers acteurs (industriels de l’alimentaire, distributeurs, ONG, Commission européenne….).

 

Un code pour l’Europe

 

Pour divers observateurs, les industriels mettent en avant leur solution afin de court-circuiter toute innovation règlementaire publique. En effet, c’est cette année que le Parlement européen doit statuer sur un système d’information nutritionnel unique pour l’ensemble du marché européen. Une décision qui sera en partie liée à l’issue de la bataille menée en France sur le code nutritionnel.

 

La bataille des codes

 

Pour résumer, des experts de la santé (Inserm…) ont élaboré un code nutritionnel 5-Couleurs (5C/Nutri-Score) ayant une forte portée informative, tandis que les industriels mettaient en avant d’autres propositions (le SENS porté par la Fédération des Enseignes de la Distribution, Nutri-couleurs, Nutri-repère…) moins gênantes pour les intérêts commerciaux. Les pouvoirs publics français sont en train de réaliser des tests en grandes surfaces.

 

L’Anses en retrait

 

Mais d’ores et déjà, l’autorité de régulation, l’Anses (Agence nationale de la sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) vient de prendre ses distances avec tous les codes. Arguments de l’Anses : le code attire l’attention sur un produit, alors que c’est l’ensemble du régime de la personne qui compte, son profil (âge, poids, santé…). Les carences en bons aliments (fibres, vitamines, minéraux…) posent tout autant de problèmes que les excès de mauvais nutriments. Une prudence qui pourrait faire l’affaire des industriels, pas mécontents de couler un projet de codes nutritionnel à forte portée.

 

JC Nathan

 

Photo : https://www.univ-paris13.fr/petition-en-faveur-de-letiquetage-nutritionnel-alimentaire/