
L’hexane, un solvant neurotoxique utilisé pour l’extraction de l’huile, est présent dans de nombreux produits alimentaires courants sans que le consommateur en soit averti. Sa présence dans des marques de lait infantile inquiète particulièrement.
L’hexane, un solvant à base de pétrole, neurotoxique, probable perturbateur endocrinien, sera-t-il le nouveau grand scandale alimentaire ? L’enquête très poussée réalisée par la cellule investigation de Radio France au printemps 2025 a mis au grand jour une énième zone d’ombre de l’industrie agro-alimentaire.
Extraire l’huile
Ce produit tiré du pétrole est utilisé depuis plusieurs dizaines d’années pour extraire la totalité de l’huile contenue dans les graines de colza, de soja, de tournesol… Les tourteaux sans huile servent comme aliments dans l’élevage. Résultat : soit par le biais de l’huile, soit par le biais de l’alimentation animale, des résidus d’hexane se retrouvent dans l’alimentation de tous les jours : l’huile bien sûr, mais aussi le beurre, les oeufs, le poulet, des céréales pour enfants, et même les laits infantiles !
Neurotoxique, reprotoxique, perturbateur endocrinien
Selon les scientifiques, ce produit pétro-chimique est neurotoxique (on recense plusieurs épisodes d’expositions professionnelles à l’hexane, ayant entraîné des neuropathies et des pneumopathies), probablement reprotoxique et perturbateur endocrinien.
Réglementation désuète
Ce contaminant est « passé sous les radars » car la règlementation européenne le traite non pas comme un additif mais comme un « auxiliaire technologique« . Dès lors, les industriels n’ont pas l’obligation de le faire apparaître sur les emballages des produits. En outre, la règlementation qui autorise un niveau de résidus d’hexane remonte aux années 1990. Cette limite fixée à 1 mg/kg ne protège certainement pas le consommateur dès lors que plusieurs produits d’origine animale de grande consommation (lait, beurre…) sont porteurs d’hexane (ce qui n’avait pas été envisagé à l’origine).
Alerte sur les laits infantiles
L’EFSA (agence sanitaire européenne) elle-même, vient de reconnaître qu’il fallait réévaluer les limites admissibles de ce produit toxique. L’alerte concernant l’hexane apparaît d’autant plus stridente que la plupart des laits infantiles contiennent semble-t-il des traces de ce contaminant. Les opposants à ce nouveau contaminant exigent des industriels des huiles qu’ils recourent à des produits biosourcés et qu’ils renoncent à l’hexane. Greenpeace vient d’entrer dans la danse et le dossier devrait encore faire beaucoup de bruit.
JC Nathan