
Le dioxyde de titane – suspecté d’être cancérigène pour l’homme – est partout, jusque dans le lait infantile, le lait maternel et le placenta. Une découverte problématique alors que l’industrie bataille toujours contre son interdiction.
Du dioxyde de titane dans le placenta et dans le lait maternel ? Cette découverte scientifique récente relance la polémique autour d’un des composants chimiques les plus utilisés dans le monde par l’industrie, que ce soit sous forme micrométrique (millième de millimètre) ou sous forme de nanoparticules (un nanomètre = un millionième de millimètre). Ce succès industriel tient aux diverses propriétés de ce dérivé du titane (absorption de rayons ultraviolet, effet de blancheur, de brillant ou d’opacité…).
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La dangerosité du dioxyde de titane
Interdit dans l’alimentation, mais pas ailleurs
Couramment utilisé comme additif alimentaire (E171), il a été interdit dans l’alimentation en France en 2020 et en Europe en 2022. Les chercheurs avaient mis en évidence que ces particules passaient dans le sang, avec à la clef des effets toxiques sur l’intestin. Interdit dans l’alimentation, il continue néanmoins d’être employé dans l’industrie pharmaceutique, dans l’industrie cosmétique ( (dentifrices, crèmes solaires, maquillage..) et d’autres secteurs industriels (plastiques, jouets, papier, peintures, etc.). Adoubée par l’Agence européenne du médicament et la Commission européenne, l’industrie pharmaceutique continue d’utiliser cette substance à risque qui s’est largement disséminée dans l’environnement.
Victoire procédurale
Les lobbies industriels bataillent férocement pour maintenir ce composant dans leur boîte à outils. En août 2025, ils ont réussi à faire annuler par la Cour de justice de l’Union européenne, la classification du dioxyde de titane (Ti02) comme « cancérogène suspecté par inhalation ». Mais cette victoire procédurale ne garantit en rien l’innocuité de ce composant.
Dans le lait maternel
On ne sait pas encore bien quels sont ses effets sur la santé. Ce que l’on connait, c’est son omniprésence dans l’environnement. Les scientifiques d’INRAE, de l’AP-HP, du synchrotron SOLEIL et du CNRS l’ont détecté dans tous les laits animaux (frais ou en poudre, vache ou chèvre, bio ou conventionnelle). Ils l’ont également identifié dans la grande majorité (83%) des laits infantiles (jusqu’à 3,9 milliards de particules de titane par litre de lait !). L’étude de ce consortium scientifique vient en outre de révéler la présence de particules de dioxyde de titane dans le lait maternel , preuve que cet élément passe la barrière de la glande mammaire.
Cette découverte signifie que les nouveaux-nés sont exposés au dioxyde de titane, que ce soit par le lait maternel ou le lait infantile , et même avant cela, par le placenta. D’autres recherches sont attendues, en particulier concernant l’effet cocktail du dioxyde de titane (la façon dont il se combine avec d’autres substances toxiques). Il y a fort à parier que le monde industriel sera une fois encore, désavoué à terme, sur ce nouveau dossier sanitaire.
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JC Nathan
sources : Inrae