Les idées fausses sur l’alimentation et les idées justes

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Alimention, un fait social

L’alimentation, le fait de se nourrir, est un acte social, et non purement individuel. « Manger mieux » est un projet de société. C’est ce que nous rappelle Benjamin Sèze en introduction de son ouvrage « En finir avec les idées fausses sur l’alimentation ».

 

 

Pour répondre aux incontournables enjeux écologiques, de santé publique et de justice sociale, il faut sortir d’une approche individualiste de l’alimentation, et se poser notamment la question de l’accessibilité sociale, analyse-t-il. Pour étayer son propos, il passe en revue une quarantaine d’assertions en matière d’alimentation. A la lecture de cette enquête très fine, on découvre l’aberration de certaines affirmations, tel ce : « Si les pauvres cuisinaient plus, ils mangeraient mieux », ou au contraire, la justesse de certaines « vérités », tel ce « Manger sain, c’est manger bio « .

 

Au gré de cette enquête fine et très bien documentée, voici trois idées mises en perspective dans cet ouvrage.

 

 

 

Manger sain, c’est manger bio.

 

Ou autre façon de poser la question, le bio garantit-il une meilleure santé ? Idée reçue ? Fausse vérité scientifique ? L’auteur revient sur un débat qui divise nombre d’acteurs en France, à commencer par la communauté scientifique. Il examine les diverses positions. Telle celle de cet écologue qui rappelle l’effets cocktail des pesticides contenus dans des fruits et légumes non bio. A l’appui de la ligne bio, une étude de chercheurs de Harvard de 2022 montrant que la consommation d’au moins quatre portions de fruits et légumes bio par jour, est associée à une baisse de la mortalité par cancers, maladies cardiovasculaires et respiratoires. Avec des fruits et légumes non bio, les effets bénéfiques du « végétal » disparaissent !

 

 

Le débat sur la viande, faux débat ?

 

Autrement dit, pour nombre de Français, « mangeons tranquillement notre entrecôte, et vous, contentez-vous de poireaux bouillis si cela vous chante ». L’auteur met en lumière la question de la santé autour de la viande, pas tant de la consommation de produits carnés que de la surconsommation. Le Plan National Nutrition Santé (PNNS) recommande de limiter la consommation de viande rouge (agneau, bœuf, porc et veau) à 500 grammes et celle de charcuterie à 150 grammes par semaine. Limites largement dépassées par beaucoup de Français, alors que la science a désormais prouvé les incidences en matière de santé (risque de cancer colorectal, maladies cardiovasculaires…).

 

 

En France, l’aide alimentaire subvient aux besoins des plus pauvres.

 

Benjamin Sèze montre combien la réalité est beaucoup moins satisfaisante. Le filet de sécurité mis en place dans les années 1980 pour nourrir « les plus pauvres », via les Restos du Cœur, les banques alimentaires, le Secours populaire et la Croix rouge française…. relevait de l’urgence et ne devait secourir qu’une frange très en difficultés. Dans les faits, cette solution s’est pérennisée face à une pauvreté structurelle.  L’aide alimentaire est devenue un circuit d’approvisionnement parallèle au marché classique, et pérenne pour des millions de personne, avec de nombreux effets d’exclusion à la clef, et d’alimentation déclassée.

 

 

En finir avec les idées fausses sur l’alimentation. Benjamin Sèze. Les Editions de l’Atelier. Septembre 2025.