Les édulcorants et autres sucres de substitution ne présentent pas de bénéfices santé particuliers. Les consommateurs qui misent sur les boissons et produits allégés pour éviter la prise de poids ou maîtriser leur diabète s’illusionnent.
Les édulcorants intenses et autres substituts du sucre n’affichent pas les bénéfices nutritionnels vantés par les fabricants de sodas et boissons gazeuses, en particulier les effets minceur et anti-prise de poids. Telle est la conclusion forte d’une récente étude de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
Pouvoir sucrant mille fois plus élevé
Depuis une trentaine d’années, les industriels agro-alimentaires, en particulier les fabricants de sodas, compotes et confitures allégées, chewing-gums, etc… chantent les vertus des édulcorants et sucres de substitution. En France, l’aspartame, l’acésulfame K et le sucralose, et plus récemment la stévia, sont les sucres de remplacement les plus utilisés. Leur pouvoir sucrant est d’une centaine à plusieurs milliers de fois (cas du néotame) celui du sucre. Les industriels en raffolent car ils apportent diverses performances techniques (stabilisateurs, texturants…) et sont de vrais « boosters » pour le marketing.
Pas de contrôle du poids
Pour les populariser, les grandes marques ont argué plusieurs bénéfices nutritionnels, le premier étant leur faible apport calorique et donc le moyen de prévenir la prise de poids. L’Anses réfute cette allégation : « les études disponibles ne permettent pas de prouver que la consommation d’édulcorants en substitution aux sucres présente un intérêt sur le contrôle du poids. Même si la prise de calories à court terme est inférieure avec de « faux sucres », rien ne met en évidence un effet persistant anti-prise de poids à moyen ou long terme.
Pas de meilleur contrôle de la glycémie
Second argument marketing fort, la prévention du diabète. Le passage en revue de la littérature scientifique n’étaye pas cet argument : les remplaçants du sucre ne permettent pas de mieux contrôler la glycémie chez le sujet diabétique ou de réduire l’incidence du diabète de type 2 (le diabète dit non insulino-dépendant, le plus généralisé dans la population). Les édulcorants sont donc bien une belle invention marketing, sans bénéfice santé particulier.
Risques en cas de consommation prolongée
Concernant les risques éventuels liés à la prise d’édulcorants (cancers, diabète, renforcement du goût sucré chez l’adulte), l’Anses publie un avis mitigé, esitmant qu’en cas de prise occasionnelle, les risques ne sont pas avérés. Mais elle ajoute aussi que les données épidémiologiques actuellement disponibles ne permettent pas d’écarter complètement certains risques en cas de consommation régulière et prolongée.
Pour clore momentanément le débat, l’Agence gouvernementale finit par une recommandation de bon sens : les boissons édulcorées, comme les boissons sucrées, ne devraient donc pas se substituer à la consommation d’eau. Un message qui ne sera pas du goût des jeunes générations.
JC Nathan
Source : Évaluation des bénéfices et des risques
nutritionnels des édulcorants intenses
Avis de l’Anses Rapport d’expertise collective. Novembre 2014.
Photo : Wikipedia