Un saumon transgénique va bientôt être produit et consommé par les Américains. Une avancée impressionnante vers la banalisation des aliments génétiquement modifiés.
Un saumon transgénique va bientôt être produit et consommé par les Américains. Le 19 novembre dernier, l’autorité américaine, la FDA (agence fédérale des médicaments et de l’alimentation) a donné son feu vert au saumon génétiquement modifié mis au point par la société AquaBounty Technologies (Boston, Massachusetts). Avec l’huitre diploïde, c’est l’une des toutes première fois que sont autorisés l’élevage et la vente d’un animal génétiquement modifié .
Grossir deux fois plus vite
Les caractéristiques de ce saumon GM (génétiquement modifié) est de grossir deux fois plus vite qu’un saumon classique. A l’origine, il s’agit d’un saumon de l’Atlantique (Salmo salar), dans lequel on a inséré les gènes du saumon chinook (encore appelé saumon quinnat), l’une des espèces les plus grandes de saumon, et des gènes d’une loquette d’Amérique (Macrozoarces americanus) un poisson marin dénommé anguille de roche, pouvant vivre dans des eaux froides et salées à 0°C grâce à une protéine anti-gel dans le sang.
Grâce à cet « enrichissement génétique », le nouveau saumon transgénique, plus résistant au froid, grossit toute l’année et pas uniquement au printemps comme le saumon sauvage. Il est commercialisable au bout de 18 mois d’élevage contre trois ans pour un saumon d’élevage classique.
Une menace pour le saumon sauvage
Les détracteurs du projet (l’immense majorité des associations environnementales) se sont opposés en vain à l’homologation de l’élevage de ce saumon, surnommé non sans humour Frankenfish. Selon eux, le saumon GM va constituer une menace environnementale certaine. Si le saumon d’AquaBounty s’échappe des fermes d’aquaculture, il risque de contaminer génétiquement les espèces de saumon sauvage et de contribuer à l’affaiblissement de la race en s’hybridant.
Théoriquement stériles
La société AquaBounty affirme que ce risque est totalement maîtrisé. Les œufs de saumon produits sur l’Île-du-Prince-Édouard (Canada), sont élevés au Panama, en pleine forêt, afin d’éliminer tout risque de dispersion. Les femelles sont théoriquement stériles. Mais on a vu que des moustiques transgéniques, supposés stériles, s’avéraient finalement « un peu fertiles » et transmettaient leurs génomes modifiés à d’autres moustiques.
En toile de fond, la question de l’effet sur la santé humaine de la consommation d’aliments génétiquement modifiés à grande échelle et sur une longue période reste ouverte. Le débat très sensible va sûrement réémerger avec l’arrivée de ce saumon GM dans les supermarchés américains, et peut-être un jour européens.
JC Nathan
Sources : www.sciencesetavenir.fr
Le saumon OGM débarque dans les assiettes des Américains
Loïc Chauveau. 29-11-2013
Les descendants, hybrides, d’un saumon OGM pourraient menacer les saumons sauvages
www.infogm.org
Photo : Anonymous/AP/SIPA