La fraise est un fruit désaltérant, séduisant, riche en vitamine C. Méfions-nous néanmoins des fraises « hors saison » qui perdent la magie des saveurs et des arômes. C’est souvent la marque de cultures ayant fortement recours aux pesticides.
ENVIRONNEMENT
La France, plus grand consommateur d’Europe
L’hexagone est le plus gros consommateur de fraises en Europe, avec 120 000 tonnes en 2010 (environ 2 kilos par Français, et par an). La France produit environ 52 000 tonnes, et en exporte environ 30 000 ! Les Français consomment en effet essentiellement de la fraise d’importation (100 000 tonnes), en provenance d’Espagne (65 000 tonnes), du Maroc (15 000 tonnes), et dans une moindre mesure de Belgique et d’Allemagne.
Les fraises d’importation : peu de garanties
Question pesticides, la culture de la fraise se veut raisonnée (longues rotations avec préférence pour les cultures à « engrais verts », lâchers de prédateurs contre thrips et pucerons…), ce qui n’empêche pas toujours les dépassements de Limites Maximales de Résidus (LMR) de pesticides. Les fraises feraient partie des produits les plus imprégnés de résidus de pesticides, en particulier les fraises d’importation.
La fraise « bleu-blanc-rouge »
La fraisiculture s’est développée de façon intensive dans les années 60-70. Les vieux terroirs ont été abandonnés (Plougastel, Carpentras…) en faveur du Lot-et-Garonne, du Périgord et de tout le Sud-Ouest où la majorité de la récolte se fait en avril et mai.
Face à la concurrence étrangère, les fraisiculteurs français ont visé le haut de gamme, en promettant moins de produits chimiques et plus de goût : les principales variétés sont Elsanta, Darselect et Gariguette. La signature « Fraise de nos terroirs » et l’IGP (Indication Géographique Protégée) « Fraise du Périgord » garantissent une fraise française d’agriculture raisonnée et de bonne qualité gustative.
La fraise espagnole sous le feu des critiques
Pesticides, fadeur, culture intensive et hors-saison, consommation d’eau excessive, main d’œuvre étrangère exploitée, etc. La fraise espagnole, sur les étals dès janvier, est une bien mauvaise élève.WWF a mené campagne contre les dérives de cette culture productiviste en Andalousie. Les producteurs utilisent entre autres pesticides un produit interdit par l’Union européenne, le bromure de méthyle. De plus, les producteurs bâchent leur culture, et rejetteraient ainsi 4 500 tonnes de résidus de plastique par an. Leur activité contribue à mettre en péril le Parc de National de Doñana (Patrimoine mondial de l’Unesco), haut-lieu des migrations d’oiseaux et réserve de lynx.
Sous abri et hors saison
Les cultures sous abri allongent en permanence les saisons, quitte à diffuser des variétés précoces et inodores. La fraise importée d’Espagne arrive sur les étals dès le mois de janvier pour durer jusqu’en juillet. La marocaine se trouve de février à avril. La fraise française s’étend de mars à octobre.
QUALITE
400 arômes
Eau framboisée, suc musqué, etc. Plus de 400 arômes se concentrent dans ce petit fruit ! Si la fraise française apparaît en mars, elle ne prend toute sa saveur qu’à la mi-avril. Les remontantes (automne) sont aussi très parfumées (Mara, Selva).
Et l’Homme créa la fraise
Les grosses fraises actuelles n’ont rien de commun avec les petites fraises des bois européennes. Elles sont issues d’un croisement entre le fraisier de Virginie (Amérique du Nord) et des fraises du Chili (rapportée au XVIII ème par le célèbre Frézier). Cette union a donné naissance au fil des croisements à de nombreuses variétés. La Gariguette : rouge à croquer, une chair juteuse, merveilleusement acidulée, grâce à un taux de sucre et d’acidité élevés… Mise au point par l’Inra de Montfavet au milieu des années 1970, elle a connu un succès immédiat. Ciflorette, présente également à partir du mois de mars, est une Gariguette croisée, encore plus parfumée, encore plus ferme, à la saveur fraise des bois, mise au point par Hortis Aquitaine (l’ex-Centre interrégional de recherche de la fraise). Du même créateur, citons Cireine, une fraise assez grosse et savoureuse.
Autre cousine de Gariguette, plus sucrée, la Cigaline (avril-mai). La Mara des bois (mi-mai à octobre) au parfum musqué est malheureusement un peu fragile. Ses descendantes, Cirafine, Cirano, Cijosée… sont plus fermes. Créée en Dordogne par Hortis, la Charlotte est une vraie fraise, bien rouge, sucrée et très parfumée, musquée, adaptée à la culture hors sol (mi-mai à octobre).
Camarossa, une espagnole surdimensionnée
La grande distribution exige des fraises premier prix. D’où la regrettable envolée de Camarossa, une fraise énorme (parfois presque 20 g), fade mais de bonne conservation ! C’est la Californie qui l’a inventée, c’est l’Espagne qui la cultive (contre redevance). On lui préfèrera la plus goûteuse Candonga, créée en 1997 par Darbonne, et connue en France depuis deux ans.
SANTE
Autant de vitamine C qu’une orange
Avec le kiwi et l’orange, c’est l’un des fruits les plus riches en vitamine C (50 mg pour 100 g de fruit). Une portion de 130 à 150 g de fraises couvre quasiment nos besoins quotidiens. Plus encore si elle est associée au citron. Elle contient aussi des caroténoïdes et de la vitamine B9. Par la synergie du calcium et des acides organiques, elle peut favoriser la prévention de l’ostéoporose.
Un drainage naturel
Nature, c’est l’un des fruits les moins caloriques (35 cal/ 100 g). Avec le melon et les framboises, c’est l’un des trois « fruits minceur ». Digeste, riche en potassium et en eau (90% d’eau), elle est diurétique et soulage les rhumatismes. Elle est riche en minéraux (potassium, calcium). Sa teneur en fibres est élevée. Elle contient une quantité intéressante de flavonoïdes, des antioxydants qui lui donnent sa couleur rouge.
Attention au bébé
C’est le parfum de l’enfance, mais elle ne doit pas être donnée à « bébé » avant 7 à 8 mois.
La fraise en effet libère de l’histamine, et peut provoquer de l’urticaire chez certains nourrissons. D’autre part, la fraise peut provoquer une allergie croisée avec les noix.
PRATIQUE
Fraîchement cueillie, la fraise embaume et se hérisse de petits poils. Brillante, rouge de la pointe aux feuilles, elle arbore une collerette vert vif et un fier pédoncule. La barquette, garantie d’hygiène, protège aussi des chocs (vérifier tout de même l’aspect des fraises du dessous). La fraise ne mûrit plus après cueillette, supporte mal le froid (elle se conserve mal au frigo) et s’abîme vite. Les jours orageux, elle « tourne ». La laver rapidement juste avant de la consommer.