Le dessalement de l’eau

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Pour résoudre le manque d’eau douce, on peut dessaler l’eau de mer, disponible sur Terre dans des quantités prodigieuses. Mais le dessalement de l’eau est tout sauf une activité anodine pour l’environnement.

 

 

La tentation est grande de miser sur le dessalement de l’eau pour accroître les ressources en eau et pallier diverses pénuries. L’eau salée représente 97,5% de l’eau de la planète. Il suffirait donc de dessaler massivement l’eau pour avoir des ressources quasi-illimitées.

 

 

36 grammes de sel par litre

 

 

Dès lors, le problème se résume à passer d’une eau dont la salinité est en moyenne de 36 grammes par litre, à une eau potable avec moins de 0,3 g par litre. Comment faire alors pour ôter le sel ? Une première technique consiste à faire bouillir l’eau de mer, et à récupérer l’eau douce par condensation.  C’est très consommateur d’énergie.

 

Une seconde technique est l’osmose inversée. On met sous pression l’eau qui passe à travers une membrane qui va retenir le sel. De nouveau, cela nécessite de fortes dépenses énergétiques.  Malgré les grands progrès techniques enregistrés ces dernières années, il faut encore dépenser 1,5 kWh pour dessaler un mètre cube d’eau. En termes de prix, on tourne environ à un dollar par mètre cube d’eau dans les usines les plus performantes dans le monde. Ce prix rend inutilisable cette eau pour les usages agricoles et pour les pays pauvres. La technologie de l’osmose s’est néanmoins répandue.

 

 

La plus grande usine est saoudienne

 

 

On compte actuellement plus de 22 000 usines de dessalement répartis dans 120 pays. Les plus grosses usines de dessalement se situent principalement dans les grandes villes  de pays riches et arides tels que l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Israël…. La plus grande usine, Ras Al Khair, est saoudienne. Elle traite 1,4 millions de m3 par jour.  Hassyan, au sud-ouest de Dubaï, a une capacité de 818 000 mètres cubes, ce qui fournit de l’eau à environ 2 millions de personnes.

 

 

Emissions de dioxyde de carbone

 

 

Davantage que le prix monétaire, c’est le prix écologique qui pose problème avec le dessalement. Selon les experts, chaque année, le dessalement est à l’origine de l’émission de 120 millions de tonnes de dioxyde de carbone. La seule solution serait de faire fonctionner ces usines soit à l’énergie nucléaire, soit avec des énergies renouvelables.

 

Le dioxyde de carbone n’est pas le seul problème créé par le dessalement de l’eau de mer. Il y a les rejets liés au traitement. Il faut redisperser dans la mer une saumure, c’est-à-dire un concentré d’eau chaude et de sel, qui plus est additionné de tartre, de chlore, et de divers autres produits chimiques. Dans divers cas, c’est une nouvelle source de dégradation d’écosystèmes marins. Autant le reconnaître, le dessalement est loin d’être la panacée.

 

Katrina Lamarthe

 

Sources : L’eau en 30 questions. David Blanchon. Selin Le Visage. La Documentation Française. 2025.

 

Photo : Suez