L’agriculture française face au changement climatique

0
44
agriculture

L’agriculture, confrontée au changement climatique, va devoir relever un fantastique défi, celui de l’adaptation aux nouvelles conditions climatiques et celui de l’atténuaon de sa contribution aux émissions de gaz à effet de serre.

 

 

L’agriculture française n’a pas d’autre choix que de s’adapter au changement climatique. Mais, comme le rappelle une riche somme scientifique sur la question (Agriculture et changement climatique. Impacts, adaptation et atténuation. Editions Quae), notre toute puissante agriculture n’est probablement pas adaptée à la nouvelle donne climatique.

 

 

Les bioagresseurs

 

 

Depuis l’après-guerre, l’intensification, l’artificialisation et la simplification des systèmes de culture adoptées à l’issue de la Seconde Guerre mondiale ont fortement accru le recours aux intrants synthétiques et aux produits phytosanitaires. On connaît l’engrenage. Les végétaux sont constamment confrontés à des organismes nuisibles, dits bioagresseurs (champignons, virus, insectes, adventices….). Ces bioagresseurs causent d’énormes pertes, en affectant les cultures sur le plan quantitatif et qualitatif, tant durant les cultures, qu’au stade du stockage. La solution a été depuis plus de 70 ans le recours intensif aux produits phytosanitaires.

 

Lire : Le changement climatique impacte la vigne et le vin

 

 

Stress thermiques et hydriques

 

 

Mais, ce mode de production agricole a impacté la biodiversité, et le déclin de la biodiversité  a affecté la santé des végétaux. Car à divers égards, le changement climatique favorise les stress thermiques et hydriques, vulnérabilise les plantes attaqués par des agents pathogènes. Les températures élevées, ou l’augmentation des précipitations à certaines phases de la culture, réduisent la capacité de. Résistance des plantes. Et dans ces conditions aggravées, les végétaux, pour se défendre, ne peuvent pas s’appuyer sur cette fameuse biodiversité mise à mal par les systèmes agricoles modernes.

 

Lire : Une agriculture européenne sans pesticides

 

 

Promouvoir les régulations biologiques

 

 

« Dans une optique de transition agroécologique, assurer la santé des végétaux face au changement climatique nécessite donc de repenser en profondeur les systèmes agricoles pour promouvoir notamment les régulations biologiques des bioagresseurs et pour ainsi réduire la dépendance aux pesticides », prônent les contributeurs de l’ouvrage « Agriculture et changement climatique. Impacts, adaptation et atténuation ».

 

Les scientifiques plaident en faveur d’approches dites « bio-inspirées » : « La conservation d’une biodiversité importante à une échelle locale ou à l’échelle de la parcelle, en préservant ou en instaurant des systèmes biologiques divers (haies, bocages, bandes enherbées, etc.), doit permettre de répliquer des processus de contrôle naturels par le biais des fonctions écosystémiques telles que la prédation et la pollinisation ».

 

 

Triptyque croissance-productivité-compétivité 

 

 

 

Une petite révolution des systèmes agricoles actuels sera donc nécessaire. Les autorités européennes ont commencé à adapter la politique agricole à la nouvelle donne climatique. L’Europe, par le biais de la Pac (Politique agricole commune) tente depuis une dizaine d’années d’insérer la question climatique dans son système d’aides. La nouvelle Pac (période 2023-2027) confirme l’objectif climatique, dans la logique du pacte vert européen visant à « réduire l’empreinte climatique ». Ce verdissement est sensible à travers l’encouragement de certaines bonnes pratiques : le maintien des prairies permanentes (prévention du déstockage du carbone dans les sols), la protection des zones humides et des tourbières (éviter la dégradation de ces sols riches en carbone) et l’interdiction de brûler des chaumes et des résidus de cultures arables (maintien de la matière organique des sols).

 

Pour autant, la politique climatique est encore limitée, estiment les scientifiques, par « la prévalence du triptyque croissance-productivité-compétivité ». Sortir de ce triptyque pour une autre agriculture ne sera pas simple.

 

 

JC Nathan

 

Source : Debaeke P., Graveline N., Lacor B., Pellerin S., Renaudeau D., Sauquet É., coord., 2025. Agriculture et changement climatique. Impacts, adaptation et atténuation, Versailles, éditions Quæ, 398 p.