Le thon rouge, abondant mais fragile

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thon rouge Senne

Le thon rouge (Thunnus thynnus) est revenu en Méditerranée. Une réussite de la politique des quotas internationaux lancée il y a une dizaine d’années alors qu’on frôlait l’extinction. Mais l’équilibre est fragile.

 

 

Pour quatre semaines, de fin mai à fin juin, les navires de pêche à la senne (filets rectangulaires) partent en mer pêcher leur quota de thon rouge. Puis, les autres types de pêche, dites pêches à l’hameçon (canne, ligne, palangre…) suivront pour des périodes plus longues. L’ouverture de la pêche est un événement en Méditerranée, région où le thon rouge représente un tiers du chiffre d’affaires des professionnels de la pêche.

 

 

Un stock global de 600 000 tonnes

 

 

Cette année, la France détient un quota de 4 187 tonnes de poisson (dont presque 90% pour la Méditerranée). La saison s’annonce belle. Les dernières estimations de l’ICCAT font état d’un stock global de 600 000 tonnes de poisson, quatre fois le plancher atteint au milieu des années 2000, au moment où les stocks de thon s’effondraient.

 

A bord de chaque navire, un inspecteur valide les prises

 

Le régime imposé à la filière de la pêche a été drastique : des navires ont été détruits, de nombreux pêcheurs mis à quai… Mais la filière est désormais totalement réorganisée, soumise à des contrôles et un encadrement stricts. Les licences sont distribuées au compte-gouttes. Chaque bateau (ou armateur) a une autorisation précise de capture.  A bord de chaque navire, un inspecteur valide les prises. Les thons sont bagués et répertoriés.

 

Une pêche artisanale et des thoniers senneurs

 

Dans le nouveau paysage maritime méditerranéen, deux types de pêches au thon coexistent. Une pêche artisanale dite de pêche à l’hameçon (dont la pêche à la palangre, c’est-à-dire une ligne avec une vingtaine d’hameçons); une pêche de plus grands bateaux (les senneurs). Les petites unités (des petits et moyens bateaux de moins de 18 mètres) vendent le thon en France. Payé aux pêcheurs 10 à 12 euros le kilo, il sort sur les étals à 35 à 40 euros le kilo. Un prix en apparence élevé mais qui reflète la politique de protection de l’espèce.

 

De leur côté, les thoniers senneurs (17 entités contre 32 auparavant), équipés de puissants bateaux modernes, ramènent de très grosses prises de plus de 150 kg. Ces thons, trop lourds pour être manipulés et vendus sur le marché du frais, sont emportés dans des cages vers des fermes aquatiques où ils sont engraissés, puis vendus au Japon pour le marché du sashimi.

 

L’ensemble du dispositif autour de la pêche au thon rouge a trouvé actuellement un équilibre économique et écologique. Mais cet équilibre est fragile, avertissent certains professionnels de la Méditerranée (la SATHOAN à Sète), qui demandent à ce que soit géré avec prudence la distribution de nouvelles licences de pêche aux « petits pêcheurs polyvalents ».

 

 

Bernard Duran

 

 

Source : Organisation de Producteurs SATHOAN

 

Photo : http://richardnourry.com/blog

 

Définition : ICCAT  – Comité scientifique de la Commission Internationale de Conservation des Thonidés de l’Atlantique