Dans un grand pays agro-alimentaire comme la France, la question de la pénurie alimentaire est plutôt théorique, même en temps de crise. Néanmoins, certaines filières deviennent plus dépendantes de l’étranger et la logistique est le maillon faible.
L’angoisse de la pénurie alimentaire a tendance à surgir rapidement dans l’imaginaire des Français. Une inquiétude sans doute déraisonnable. On ne peut pas mourir de faim en France.
Premier producteur agricole
La France, premier producteur agricole européen, est un grand pays céréalier (céréales et oléagineux), un grand pays d’élevage (bovins, ovins, porcins, volailles…) et de production laitière, un grand producteur de fruits et légumes (pommes, bananes, pommes de terre…), et bien sûr un champion viticole… Environ 800 000 agriculteurs, au travers de 420 000 exploitations agricoles, assurent cette production agricole abondante, à l’origine d’un des principaux excédents de la balance commerciale.
Les importations alimentaires
Cela étant, les Français importent quasiment la moitié des fruits et légumes qu’ils consomment d’Italie, d’Espagne, de Pologne (pommes), du Maroc, d’Amérique du Sud… Environ un quart de consommation de viande de porc, un tiers de celle de volailles sont satisfaits par des importations. Bien d’autres produits alimentaires sont importés comme le riz. La France est donc légèrement moins « autosuffisante » qu’on ne voudrait le croire.
Graves problèmes de logistique
Surtout, elle n’est pas à l’abri de graves problèmes de logistique en matière de distribution, lorsqu’une crise mondiale vient toucher tous les maillons de l’organisation. La fermeture des marchés, la pénurie de main d’œuvre (saisonniers étrangers) pour récolter les fruits et légumes, la désaffection de commerces traditionnels (poissonnerie par exemple) pour cause de confinement des consommateurs… autant de phénomènes qui viennent mettre à mal la formidable interface logistique entre l’offre et la demande de produits alimentaires.
Stricto sensu, il n’y a pas pénurie mais incapacité du système à faire se rencontrer l’offre et la demande.
Circuits courts
Car, ce ne sont pas les réseaux de livraison en direct des producteurs (Amap, La Ruche qui dit oui, Jardins de Cocagne…) et autres circuits courts qui peuvent assurer l’approvisionnement de 67 millions de consommateurs, estime le spécialiste de l’agriculture Bruno Parmentier. C’est bien dans la désorganisation du système économique et le temps qu’il faut pour se réorganiser que réside le risque principal de pénurie et de rupture de stocks.
Dépendances
Ensuite, une fois passée la crise, il sera temps de s’interroger avec plus d’acuité sur diverses formes de dépendance (approvisionnements à l’étranger…) et diverses aberrations environnementales (distance parcourue pour acheminer un produit) générées par une économie de l’abondance et de la satisfaction maximale du consommateur.
JC Nathan
Sources : http://nourrir-manger.com
Photo : Laurent Colin