Les pesticides, un fort impact sur la biodiversité

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Quel impact ont sur la biodiversité les pesticides ? Un ensemble d’organismes scientifiques, dont l’INRAE, viennent de publier une recherche exhaustive sur la question.

 

 

Les pesticides ont à l’évidence un fort impact sur la biodiversité. Ces produits que l’on appelle aussi produits phytosanitaires, regroupent des insecticides, des herbicides, des fongicides, largement appliqués depuis plusieurs dizaines d’années, aussi bien par les jardiniers amateurs que par les collectivités et les agriculteurs.

 

 

Des dizaines de milliers de tonnes par an

 

 

En France, 55 à 70 000 tonnes sont déversées chaque année dans l’environnement, c’est-à-dire dans l’air, dans les sols, dans les cours d’eau, dans les nappes phréatiques, dans la mer. Difficile de se voiler la face : ces quantités gigantesques de produits chimiques, souvent très nocifs pour les organismes vivant, s’accumulent dans la nature, et ont un très fort impact environnemental. 

 

 

46 experts, une vingtaine d’institutions

 

 

Les ministères de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Recherche ont demandé à l’INRAE et à l’Ifremer une expertise des impacts des pesticides sur la biodiversité. 46 experts appartenant à une vingtaine d’organismes scientifiques ont planché pendant deux ans sur la question.

 

Ils ont épluché plusieurs milliers de publications, s’intéressant à de nouveaux aspects, tels que les services écosystémiques, c’est-à-dire les services rendus gratuitement par la nature (ex. la pollinisation) ou la lutte biologique contre les ravageurs), l’holobionte (l’ensemble formé par une plante ou un animal avec ses micriobiotes), l’exposome (la totalité des expositions à des facteurs environnementaux subis par un organisme humain)…

 

 

 

Jusque dans les zones polaires

 

 

 

Selon cette expertise, le glyphosate (Round-up), le premier herbicide utilisé dans le monde, fait partie des substances les plus répandues dans les sols. L’étude confirme que tout l’environnement est touché par les produits phytosanitaires, sols, cours d’eau, mers et océans… Des polluants très persistants tels le DDT, le lindane ou l’hexachlorobenzène, interdits depuis des années, sont retrouvés jusque dans les grands fonds marins et les zones polaires.

 

 

Troisième facteur de destruction de la biodiversité

 

 

La pollution chimique, causée en partie par les pesticides, constituent le troisième ou quatrième facteur de destruction de la biodiversité dans le monde. Les autres causes sont la destruction des habitats naturels, l’exploitation des ressources, le changement climatique. Les produits phytosanitaires sont cause du déclin des insectes pollinisateurs, d’insectes prédateurs de ravageurs (coccinelles, carabes…), mais aussi d’oiseaux granivores (en raison de la toxicité des graines ingérées), d’oiseaux insectivores (qui n’ont plus à manger), des chauve-souris, de macroinvertébrés aquatiques, des amphibiens…

 

 

De multiples impacts

 

 

Les produits chimiques touchent de multiples façons le vivant, par exemple en contribuant à faire perdre le sens de l’orientation aux oiseaux et aux insectes, à amoindrir les défenses immunitaires ou encore les capacités de reproduction de diverses espèces.

Mais la liste ne s’arrête pas là. La chimie industrielle impacte aussi les microorganismes, présents dans les sols agricoles et les cours d’eaux voisins. Leurs capacités à dégrader la matière organique et fournir des nutriments aux écosystèmes sont diminuées.

 

 

Casser de tels cercles vicieux

 

 

La fragilisation des écosystèmes vient en retour nuire aux grands services de la nature (services gratuits offerts par la nature à l’humanité !) que sont la pollinisation, les prédateurs naturels des ravageurs de cultures, ou tout simplement la production végétale. 

Selon les experts, il est crucial de casser de tels cercles vicieux, par exemple en créant ou en ménageant des zones refuges pour la végétation terrestre et aquatique, connectées entre elles. Ces réservoirs d’espèces devraient ensuite déborder sur les milieux voisins. Mais pour cela, encore faut-il ne pas laisser s’uniformiser et s’industrialiser les paysages agricoles, mettre un frein à l’artificialisation des sols et au déversement de produits pesticides. 

 

 

JC Nathan

 

 

Source : Biodiversité et services rendus par la nature : que sait-on de l’impact des pesticides ?

Inrae. 16 mai 2022.