
Les articles scientifiques et les rapports se multiplient pour dénoncer la responsabilité de l’hexane, solvant issu du pétrole, neurotoxique pour le cerveau.
L’hexane, largement utilisé par l’industrie agro-alimentaire, représente probablement un grave danger pour le cerveau. « Aujourd’hui, les épidémiologistes et les neurologues disposent d’indications solides qui établissent des liens entre l’hexane et la maladie de Parkinson d’une part, et la sclérose en plaques d’autre part » écrit Guillaume Coudray, auteur d’une enquête intitulée « De l’essence dans nos assiettes ».
Des traces dans des aliments courants
L’hexane est utilisé par les industriels pour extraire les matières grasses de divers végétaux (colza, tournesol, soja). Comme on utilise les tourteaux dont on a extrait l’huile pour l’alimentation animale, on en retrouve des traces dans de nombreux aliments courants (œufs, beurre, poulet…) en plus de diverses céréales. La population serait exposée depuis des années à son insu à ce dérivé du pétrole. Il reste pourtant massivement utilisé par l’industrie agroalimentaire. Pourtant, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) ont alerté sur les risques de ce neurotoxique.
Lire : L’hexane, un solvant neurotoxique dans l’alimentation
Affinité avec les gras
Le neurologue David Devos, médecin et professeur en pharmacologie médicale à l’université de Lille, spécialiste de la maladie de Parkinson, explique la spécificité de ce contaminant. Les solvants, dont l’hexane, ont « une affinité » avec les gras. Le cerveau est riche en gras. En pénétrant l’organisme, par exemple par inhalation ou par le biais de l’alimentation, le solvant va affecter directement un organe riche en graisses comme le cerveau.
Explosion des maladies neurodégénératives
Le caractère neurotoxique de l’hexane est connu depuis plusieurs dizaines d’années. Dès les années 1970, aux Etats-Unis comme en Europe, les scientifiques avaient mis en lumière la responsabilité de l’hexane dans la multiplication de maladies de Parkinson chez des ouvriers produisant ce solvant. Aujourd’hui, alors que les maladies neurodégénératives explosent dans le monde, on commence à réaliser l’incroyable potentiel de destruction des neurotoxiques. En mars 2025, la revue scientifique The Lancet Neurology a publié des chiffres sidérants. En l’espace d’une trentaine d’années, l’ensemble des pathologies neurologiques (Alzheimer, AVC, méningites, Parkinson…) ont bondi de 50%. En 2021, 3,4 milliards de personnes, c’est-à-dire 43% de la population mondiale, ont été touchées par une maladie neurologique.
Les affections neurologiques (1) qui comprennent un large éventail de pathologies sont devenues la principale cause de morbidité, avant les maladies cardiovasculaires. Dès lors, on ne peut que s’affliger du manque de fermeté des pouvoirs publics dans le dossier de l’hexane.
JC Nathan
(1) Selon l’OMS, les dix principales affections neurologiques sont l’accident vasculaire cérébral, l’encéphalopathie néonatale (lésion cérébrale), la migraine, la démence, la neuropathie diabétique (lésion nerveuse), la méningite, l’épilepsie, les complications neurologiques liées à la prématurité, les troubles du spectre autistique et les cancers du système nerveux.
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