Organisation de défense des consommateurs, foodwatch lutte contre les pratiques de désinformation des industriels de l’alimentaire. Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch France s’explique.
Dans quelles circonstances foodwatch a-t-elle été créée ?
C’est Thilo Bode, à l’époque directeur de Greenpeace International, qui a créé foodwatch en 2002, alors que l’Europe traversait la crise de la vache folle. Il était évident que ni les pouvoirs politiques, ni les acteurs de l’agroalimentaire ne pouvaient garantir la protection des consommateurs et qu’ils se refusaient à fournir les informations que nous étions en droit d’obtenir sur nos aliments.
Votre association se bat pour la transparence dans le domaine alimentaire ?
C’est notre cheval de bataille. Les industriels de l’alimentaire n’ont aucun intérêt à être totalement transparents et opposent une véritable résistance. Ils parviennent, par le jeu du lobbying, à imposer aux pouvoirs publics leurs règles, leurs codes de bonnes pratiques. Le consommateur ne sait pas que ces codes protègent surtout les fabricants. Or, nous avons le droit de connaître la vérité ; c’est fondamental pour choisir nos aliments en connaissance de cause.
Vous qualifiez les pratiques discutables de l’industrie agro-alimentaire de « ruses légales ».
Les industriels disposent d’une grande liberté, par exemple concernant les visuels très flatteurs des produits. Ils peuvent aussi ne pas lister certains ingrédients à l’avant de l’emballage ou ne pas mentionner l’origine de certains composants. Ces pratiques, autorisées par les règlements en vigueur, sont légales mais ne sont pas légitimes pour autant car elles induisent le consommateur en erreur. Nous dénonçons ces ruses légales.
Quelles sont vos méthodes de travail ?
Nous travaillons de façon totalement transparente. Pour notre dernière campagne sur les ruses légales, nous avons identifié des lacunes en matière d’information du consommateur, nous avons écrit aux fabricants pour leur demander des explications. Nous avons enquêté sur les fondements et la légalité de ces pratiques abusives. Nous avons ensuite informé les consommateurs de ces ruses légales et les avons mobilisés afin que cela cesse. Notre approche consiste à mettre la pression sur les responsables de la désinformation. En Allemagne et aux Pays-Bas, nous avons obtenu de vrais changements.
foodwatch est une forme de contre-pouvoir ?
Par nos actions, nous tentons aux niveaux national et européen de mettre les politiques face à leurs responsabilités, de faire adopter des lois qui protègent les consommateurs et non les fabricants, de faire pression sur les acteurs du marché. Par exemple, notre rapport sur la spéculation des grandes sociétés financières dans le domaine alimentaire – « Les spéculateurs de la faim » – a fait bouger de grandes banques telles que la Deutsche Bank.
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