Les députés viennent de voter un texte de loi en faveur de l’information sur le vin, la viticulture et l’oenotourisme. Un mauvais coup de plus porté à la loi Evin qui tentait à l’origine d’interdire la publicité sur l’alcool et de freiner les ravages liés à une consommation excessive.
La loi Evin qui encadre la publicité sur l’alcool vient de prendre un mauvais coup. Au nom d’une libre information sur la viticulture et les régions viticoles, une majorité de députés ont adopté dans le cadre de la Loi Macron, un texte qui assouplit la loi limitant la publicité sur les produits alcoolisés. Cet amendement déposé par le sénateur Roland Courteau, et adopté au Sénat, a été repris et voté par une large majorité de députés, toutes tendances confondues.
Corporatisme
Députés et sénateurs français ne cachent pas leur volonté de défendre les intérêts des viticulteurs qui représentent une composante importante de l’électorat en France. La filière vin cite le chiffre de 500 000 professionnels, viticulteurs, négociants, coopérateurs. Mais ce corporatisme ignore de façon étonnamment légère le problème de l’alcool en France, sur le mode « le vin, c’est pas vraiment de l’alcool ». Lire La consommation d’alcool dérape dans le monde et en France
Fabrication de malades et de délinquants
Selon Claude Evin, l’amendement libère la possibilité de faire de la publicité pour l’alcool « et ce, quasiment sans limite ». « Cet amendement vient mettre des bâtons dans les roues des professionnels engagés dans la lutte contre les pathologies liées à l’alcool et l’addiction », souligne Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction, engagée dans les combats contre toutes les addictions dont l’alcool. « En cassant la loi Evin, la loi Macron initie une triste relance économique, celle de la fabrication d’encore plus de malades et de délinquants ! » lâche un communiqué de la Fédération.
Le coût de la consommation excessive
La consommation excessive d’alcool est un problème majeur de santé publique en France. En 2012, 580 000 hospitalisations liées à l’alcool ont été recensées dans les services de médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie. 2,7 millions de journées d’hospitalisation en psychiatrie sont une conséquence des excès liés à l’alcool. De source officielle, on estime que la consommation excessive d’alcool est responsable de 49 000 décès chaque année. Lire L’alcool tue toutes les dix secondes.
« La Loi Evin est morte », pronostique Alain Callès, de l’association Vie Libre (mouvement de défense des victimes de l’alcoolisme). Si cet augure est juste, le coût social de l’alcool, estimé par certains observateurs à 120 milliards d’euros par an, pourrait déraper davantage.
JC Nathan
Sources :
https://destinationsante.com
Illustration : Claire Pého
https://cpeho.wordpress.com