Selon une étude Inserm-CNRS, 6% des Français détestent le fromage. Une répulsion qui trouve son origine dans notre cerveau.
Le fromage, on aime ou on déteste. Jusqu’à présent, ce phénomène de dégoût restait mystérieux dans le pays aux 1 300 et quelques variétés de fromages. Pour la première fois, des chercheurs Inserm-CNRS décryptent les raisons qui expliquent le dégoût de nombreuses personnes la simple odeur d’un munster ou d’un roquefort. Premier constat, le fromage est bien l’aliment le plus aversif (suscitant de l’aversion). Selon l’étude, 6% des Français détestent ce laitage, alors qu’ils ne sont que 2,7% à grimacer devant un poisson et 2,4% à rechigner face à un plat de charcuterie.
Intolérance au lactose
Parmi les personnes dégoûtées par le fromage, 18% se disent intolérantes au lactose. Mais les scientifiques ont cherché à comprendre pourquoi les autres – qui ne sont pas allergiques – ont développé une telle aversion pour ce type de laitage. « L’aversion est un élément extrêmement puissant dans le monde animal, où il représente un élément clé de la survie. D’où l’intérêt d’étudier les mécanismes cérébraux à l’œuvre », expliquent les chercheurs du CNRS.
Le fromage n’active pas la faim
Les chercheurs ont étudié ce qui se passe dans le cerveau. Ils ont confronté les IRM de quinze amateurs de fromage et quinze autres le rejetant. Les cobayes ont dû sentir six fromages différents et six autres d’aliments. Face aux fromages, le palladium ventral (la partie du cerveau qui s’active avec la faim) est totalement inactif chez les personnes qui n’aiment pas le fromage. Au contraire, cette partie s’active normalement à la vue des autres aliments.
Les circuits de la récompense sollicités
Découverte plus étonnante, les neuroscientifiques ont constaté que les aires cérébrales qui gouvernent le circuit de la récompense (celui-ci s’active quand on adore quelque chose) sont également stimulées chez les personnes détestant le fromage. Hypothèse des scientifiques : cette région du cerveau comprendrait deux types de neurones : le premier lié au plaisir, l’autre au dégoût. Un mécanisme paradoxal qui reste à mieux comprendre.
Eric Allermoz
Source : Frontiers in Human Neuroscience.