Plus souvent qu’on ne le croit, le miel est un produit à l’étiquetage imprécis, parfois coupé de sucres divers (maïs, canne…). Un laboratoire français dénonce les fraudes.
Un laboratoire spécialisé dans le contrôle du miel, le Centre d’études techniques apicoles de Moselle (Cetam) vient de révéler qu’une proportion importante de miels commercialisés en France (jusqu’à 10%) pourrait être du miel frauduleux. Principal suspect : du miel importé de Chine mais aussi des miels provenant de pays de l’Est (Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Pologne…) réétiquetés sous de fausses mentions. La France importe 26 000 tonnes de miel par an (elle en produit 16 000), ce qui expose le consommateur à divers risques de tromperie sur la marchandise.
Adultération, une fraude classique
La dernière enquête menée par la Direction générale de la concurrence, de la concurrence et de la répression des fraudes a mis en évidence que près de la moitié des échantillons contrôlés n’était pas conforme. Principale tricherie : l’adultération, c’est-à-dire l’ajout de sucres de type sucre de canne, amidon de céréales, maïs (maltose). L’adultération est souvent opérée sur des miels dits multifleurs (polyfloraux), issus de mélanges de miels UE/hors UE (originaires ou non de l’Union européenne).
Selon Henri Clément, apiculteur, porte-parole de l’Unaf (Union nationale de l’apiculture française), le négoce de miel mondial, qui passe notamment par le port de Hambourg, donnerait lieu à des trafics organisés, avec mise en conserve et étiquetage mensonger. A l’arrivée, le consommateur achète un produit étiqueté de façon trompeuse.
Etiquetage : le grand n’importe quoi
La dernière enquête de la DGCCRF montrait que l’étiquetage du miel est souvent non règlementaire. Dans de nombreux cas, aucune indication du pays d’origine n’est mentionnée. Les allégations sont parfois trompeuses, telle la mention « mille fleurs » qui n’est pas autorisée pour les assemblages de miels d’origine géographique différente.
Le risque sanitaire lié à la fraude
Il n’y a pas que la présence de sucres rajoutés qui pose problème. Au début des années 2000, le miel chinois a été interdit dans l’Union européenne au début des années 2000 du fait de la présence de chloramphénicol, un antibiotique très règlementé, compte tenu de sa toxicité potentielle. La commercialisation actuelle de miels à la composition hasardeuse pose la question de risques sanitaires, un risque dont le grand public ignore tout.
La protection du consommateur
La fraude sur le miel est d’autant plus choquante que le consommateur est persuadé d’avoir affaire à un produit sain et naturel. Il est donc légitime d’exiger que la réglementation publique s’applique avec la plus grande rigueur. En attendant d’en être sûr, le consommateur avisé privilégiera un miel de producteur, avec un apiculteur-récoltant précisément identifié. Ces produits sont souvent plus chers mais la qualité y est garantie.
JC Nathan
Sources : DGCCRF
AFP