Le prix du beurre va bientôt valser. La crise qui secoue le secteur laitier, le début de pénurie de beurre qui apparait à l’automne 2017, préfigure des hausses importantes.
Le prix du beurre va-t-il être multiplié par deux ? L’hypothèse n’a rien d’aberrant. La tonne de beurre en vrac est passée de 2 500 euros à 7 000 euros entre mars 2016 et septembre 2017. Si le consommateur n’a pas encore subi de hausse, c’est parce que les grandes surfaces ont fait obstacle à des hausses à la grande colère des industriels. Mais dans un pays comme l’Allemagne, le prix de la plaquette de beurre de 250 grammes a déjà doublé passant de 1 à 2 euros.
Le beurre, un produit mondialement demandé
Les grandes surfaces en France qui freinent les hausses ne sont plus livrées par les industriels, d’où le début de pénurie. La situation est difficilement compréhensible pour le consommateur alors que la filière du lait semblait souffrir d’excédents structurels.
Pour comprendre la situation, il faut avoir une vision globale. Le beurre est un produit de plus en plus demandé sur le marché mondial, notamment par la Chine. Les Chinois se mettent à consommer du beurre et des produits au beurre (biscuits…). La montée de la demande survient alors que les éleveurs européens, français en particulier, ont réduit leur production, pour cause de non rentabilité de leurs exploitations depuis la fin des quotas laitiers au 1° avril 2015.
Du beurre et de la poudre de lait
C’est le coup d’accordéon. La demande pour le beurre s’envole mais les producteurs de lait ne suivent pas pour une raison technique précise. Avec le lait, on fait du beurre (ou de la crème) et du lait écrémé ou/et de la poudre de lait. Un litre de lait représente 42 grammes de matière grasse (pour le beurre et la crème) et 33 grammes de protéines (lait écrémé et poudre de lait).
Or, si l’on manque de beurre, on a actuellement des excédents de poudre de lait. La Commission européenne a dû mettre en place une régulation du marché et faire stocker jusqu’à 380 000 tonnes de poudre de lait qui sont en train de se dégrader faute de preneurs. Comme la poudre de lait ne vaut rien, cela dévalorise le couple beurre-lait écrémé constitué par le produit lait.
On ne va peut-être pas sortir de la crise du beurre si facilement. Selon ce responsable de l’Institut de l’élevage, il faudrait réorienter les élevages vers des races produisant un lait plus riche en matières grasses, donc générateur de beurre, plutôt qu’un lait riche en protéines. Exactement le contraire de ce qui a été fait ces dernières années.
JC Nathan
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