Glyphosate, Round up, pesticides, herbicides, neurotoxiques…. Mois après mois, les consommateurs découvrent la réalité chimique et environnementale de l’agriculture. Eclairages pédagogiques sur le glyphosate, star de l’année 2017.
L’herbicide le plus répandu
Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au monde. Mis au point par la firme américaine Monsanto en 1974, tombé dans le domaine public depuis le début des années 2000, il est produit par une centaine de firmes. Il entre dans la composition de près de 750 produits herbicides, produits utilisés par les agriculteurs comme par les jardiniers amateurs. On estime qu’il s’en écoule 720 000 tonnes par an dans le monde. La France en déverse chaque année environ 9 000 tonnes dans les jardins, les champs, les voies ferrées, les bords de routes, et au final les rivières et les cours d’eau.
Efficacité
Le glyphosate permet de détruire toutes les mauvaises herbes (adventices) en pénétrant dans la plante jusqu’à la racine. On parle d’herbicide total et systémique. Les agriculteurs (essentiellement des céréaliers et des viticulteurs) peuvent traiter des hectares entiers en des temps record, une variable essentielle de leur productivité. Les rendements de la viticulture pourraient chuter de 13% sans l’usage de l’herbicide et avec la poussée des mauvaises herbes dans les vignes.
Cancérogène
En avril 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’OMS, l’a classé comme cancérogène probable. S’en est suivie une accumulation de rapports contradictoires tentant de minimiser cette dangerosité. Mais l’agence sanitaire européenne, l’Efsa, s’est discréditée en utilisant un copié-collé d’un document de Monsanto pour établir sa position.
L’adjuvant plus dangereux que la molécule
La dangerosité du produit serait aggravée par l’usage des adjuvants (tensio-actifs), indispensables dans la formulation du produit pour le rendre adhérent aux feuilles. Selon le Criigen (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique), laboratoire très engagé dans la lutte contre l’agro-chimie mondiale, les différents produits commercialisés à base de glyphosate sont bien plus toxiques que la molécule testée et agréée par les autorités sanitaires. D’où une tromperie sur la pseudo-innocuité de la molécule.
Du glyphosate partout dans l’environnement
Des traces de glyphosate ont été trouvées dans des produits alimentaires (légumes secs, céréales de petit déjeuner…). Ces traces sont très faibles mais en matière de neurologiques, d’agents carcinogènes, de perturbateurs endocriniens, on sait désormais que la question de la dose ne veut rien dire.
A coup de milliers de tonnes par an, l’environnement en France commence à être sérieusement dégradé. Selon un rapport du Commissariat général au développement durable (novembre 2015), la quasi-totalité des cours d’eau contiennent des pesticides (10 pesticides dans 60% des cas), le glyphosate et son principal produit de dégradation, l’AMPA, étant les plus présents.
Sans glyphosate, davantage de pesticides
Si le glyphosate est interdit, l’ensemble de l’agriculture, viticulture comprise, ne va pas se convertir à l’agriculture biologique ou aux joies du binage et de la rotation des cultures. Les tenants d’une agriculture productive avertissent : il faudra utiliser des quantités élevées d’autres produits herbicides (antigraminées, antidicotylédones…) qui pourraient s’avérer encore plus dangereuses pour l’environnement et la santé. Ce qui est vrai, c’est que le modèle d’une agriculture à hauts rendements est remis en cause par la lutte contre les pesticides.
Une autre agriculture
Les promoteurs d’une « autre agriculture » avancent qu’on peut se passer de cet herbicide miracle. De nombreuses techniques de pointe existent pour se passer d’herbicides et lutter contre les mauvaises herbes : prévention, lutte biologique (via les insectes, les bactéries), herbicides naturels, cultures en semis direct sous couvert (couvert végétal qui freine les mauvaises herbes)… Mais cela implique une nouvelle révolution agricole.
JC Nathan
Sources : www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr
www.ouest-france.fr
www.liberation.fr