Attentives à l’opinion publique, de grandes enseignes (Carrefour, Casino…) ne vendront pas les poissons des profondeurs. Le parlement européen qui vient d’autoriser la pêche en eaux profondes est à contre-courant.
Les grandes enseignes renoncent à commercialiser les espèces d’eaux profondes menacées, alors que le parlement européen, début décembre, vient de donner son feu vert à la pêche en eaux profondes, une pêche pratiquée avec d’immenses filets descendant jusqu’à 1500 mètres de profondeur et très contestée sur le plan écologique.
Sabre, grenadier, lingue bleue, empereur…
Carrefour annonce officiellement arrêter progressivement la commercialisation du sabre, du grenadier de roche et du brosme d’ici à juin 2014. Le Groupe avait déjà stoppé dès 2007 la vente de lingue bleue et d’empereur, deux autres espèces profondes.
Le groupe Casino s’engage à cesser dès le 1° janvier 2014 la commercialisation de ces mêmes espèces. De son côté, l’armateur Scapêche, filiale du Groupement des Mousquetaires (enseignes Intermarché et Netto), premier armateur de pêche en France (18 navires, 14 600 tonnes de poissons pêchés, soit 85% des captures françaises), et principal responsable de la pêche en eaux profondes, s’est engagé à ne plus « cibler » les espèces d’eau profonde.
750 000 signatures
Curieuse valse à deux temps : des parlementaires européens qui, sous la pression des lobbies, donnent leur aval à une technique de pêche très contestée par les scientifiques et les écologistes ; des grandes enseignes et l’armateur le plus concerné qui renoncent aux produits de cette pêche. La clef de cette situation paradoxale se trouve dans l’opinion publique. Fortement impliquée dans ce combat, l’association Bloom, avait réussi en quelques semaines à récolter 750 000 signatures de consommateurs opposés à la pêche en eaux profondes.
Signe, copain
Cette énorme mobilisation était en grande partie liée au succès foudroyant d’une BD de l’illustratrice Pénélope Bagieu : « Prends cinq minutes, et signe, copain ». Une BD postée sur le blog de l’illustratrice qui en deux jours, a été retweetée 5 000 fois, « likée » 192 000 fois et partagée plus de 180 000 fois sur Facebook.
Bernard Duran
Illustration : Pénélope Bagieu
Sources :