Vous avez mis au point un système d’information nutritionnelle applicable à l’ensemble des denrées alimentaires et recettes de cuisine. Quelle est votre problématique de départ ?
Les consommateurs évoluent de plus en plus dans un univers de « malbouffe ». Les industriels ont choisi la mauvaise voie, en recherchant en permanence le moindre coût pour gagner sur la quantité et la masse. A nos dépens : près d’un Français sur deux est en surpoids ou obèse. Pour avoir une nourriture de qualité, il faut nécessairement payer plus cher. Mais une alimentation de qualité médiocre coûte de plus en plus cher à la société car elle participe à l’explosion de nombreuses maladies (diabète, pathologies cardiovasculaires, cancers…).
Une des raisons de cette « malbouffe », c’est l’incapacité du consommateur à identifier la qualité des aliments ?
Le consommateur se retrouve face à des dizaines de milliers de références. Il est noyé dans le charabia illisible et incompréhensible des étiquettes, des publicités, des promotions permanentes… Pour mieux évaluer les produits et mieux manger, il a besoin d’un code lisible en un coup d’œil.
Une initiative de repérage de la qualité nutritionnelle des aliments a déjà été mise en place au Royaume-Uni, au Danemark, en Hongrie : un système de feux tricolores (vert, orange, rouge) basé sur les trois critères, gras, sel, sucre. Mais ce code est trop simpliste. Il est trop peu discriminant et ne dit rien des éventuels apports positifs des aliments et leur intégration au sein d’une alimentation équilibrée.
Que proposez-vous ? Comment est bâti l’indice Zediet®?
L’Indice Zediet® (IZ) est basé sur des critères nutrition et santé reconnus par les autorités. Il fait appel à un outil de profilage nutritionnel développé par deux chercheurs, Nicole et Michel Darmon, approuvé par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Grâce à la dernière évolution de cet outil*, chaque aliment peut être évalué en fonction de ses apports nutritifs en rapport avec ceux attendus dans sa catégorie d’appartenance (NDLR : une huile ne sera pas disqualifiée par sa teneur en lipides).
La note est pondérée par de nombreux autres critères, essentiellement nutritionnels, mais aussi qualitatifs, telles la présence d’additifs, de substances indésirables (graisses hydrogénées, sirop de glucose, etc), l’évaluation des process alimentaires subits par le produit, l’existence de labels certifiés …
Cet algorithme complexe permet d’obtenir, pour chaque aliment, produit ou recette, un score nutritionnel global harmonisé, noté de A à G. Ce score est associé à une couleur ainsi qu’à un avis de consommation non culpabilisant. En catégorie A, on trouve les aliments à privilégier fréquemment à volonté tandis qu’en catégorie G, ceux à consommer de façon exceptionnelle et en petite quantité. Soit une échelle de 7 catégories faciles à identifier visuellement.
On peut manger de tout, mais en équilibrant les quantités de produits bien notés et mal notés ?
Oui, c’est tout l’intérêt. Aucun aliment n’est réellement mauvais en soi. Mais un aliment comme par exemple la pizza industrielle ne doit être consommée que de façon très occasionnelle. L’indice Zediet® fournit une recommandation simple de fréquence et de quantité de consommation. Le code nutritionnel permet de se repérer aisément et de comparer facilement les produits de même catégorie entre eux.
Comment doit-on s’alimenter pour rester proche des recommandations officielles en matière de nutrition (PNNS) ?
Consommer dans la journée au moins les deux-tiers d’aliments (en termes de poids), produits ou recettes ayant la note A ou B. Des chercheurs se sont déjà penchés sur la question et cela semble très souvent suffisant… Cela laisse donc beaucoup de marge pour continuer à varier tous les plaisirs !
Combien d’aliments avez-vous évalué ?
Ma base de donnés comporte actuellement des informations concernant plus de 15 000 aliments et produits référencés. Avec le nouvel indice Zediet®, qui nécessite une intégration poussée de données (gestion manuelle sur mesure), j’ai déjà évalué à ce jour 1100 produits (aliments bruts, recettes, produits transformés, produits du commerce) et je passe au crible une centaine de nouveaux produits par semaine. Mais mon initiative va déranger beaucoup de monde, comme vous pouvez vous en douter.
Pour plus d’informations : www.zediet.fr