Le bisphénol A, composé chimique reconnu comme perturbateur endocrinien et largement utilisé dans l’emballage alimentaire, doit trouver des remplaçants. Mais ces substituts seront-ils sans risques pour la santé ?
Le bisphénol A, reconnu comme un perturbateur endocrinien, déjà interdit en France dans les biberons, va être totalement prohibé en juillet 2015 dans les emballages alimentaires, ce qui pose la question des substituts. De très nombreuses substances de remplacement sont envisagées selon les usages (l’Anses en a recensé 73) mais aucune n’est idéale et certaines sont tout aussi problématiques.
Pour remplacer le plastique polycarbonate (PS), grand consommateur de bisphénol A, des fabricants de biberons utilisent déjà du Polyéther Sulfone (PES), et donc dans certains cas du bisphénol S, substance d’ores et déjà dénoncée elle-aussi par des scientifiques comme source de dérèglements hormonaux et de problèmes endocriniens. (Lire Bisphénol A, risque pour la santé, casse-tête pour les industriels).
Le PET et les phtalates
Le Polyéthylène Téréphtalate (PET), souvent employé pour les bouteilles d’eau en plastique, est également « suspecté », du fait de la présence de phtalates (autres perturbateurs endocriniens) et de la possible migration de substances nocives dans l’eau (antimoine). Les fabricants de biberons, de bouteilles et récipients alimentaires disposent néanmoins d’autres matériaux plastiques (polypropylène, Polyphényl Sulfone, Copolyester Tritan…), supposés ne pas être nocif. Il reste aussi la solution du recours au verre et à l’inox.
Les vernis des conserves à changer
De leur côté, les industriels de la conserve doivent remplacer les résines époxy, ç-à-d les vernis qui recouvrent l’intérieur des conserves et qui contiennent eux-aussi du bisphénol A. On teste par exemple des solutions tels que des dérivés d’amidon maïs, des alliances émail sur oléorésine (huile + résine naturelle), etc. Quatre grandes familles de matériaux sont en lice : les polyesters, les polyacrylates, les vinyles et les acryliques. Mais aucune ne peut convenir à tous les aliments dont les exigences varient selon leur taux d’acidité, de sucre, de sel…
Les grandes manœuvres ont donc commencé pour contourner l’interdiction du bisphénol A (BPA), substance favorite des industriels de l’emballage alimentaire. Toutes les solutions avancées vont être sous le feu des critiques et des études scientifiques.
Bernard Duran
Sources :
Panorama des alternatives disponibles au Bisphénol A dans les matériaux de contact alimentaire
http://reseau-environnement-sante.fr
Matériaux : La chasse aux substituts. Olivier James. 15 novembre 2012. http://www.usinenouvelle.com