L’agriculture sans le glyphosate

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glyphosate ou desherbage main

Comment sortir du glyphosate, la molécule du Round-up, premier herbicide au monde ? La question se pose de façon récurrente à chaque fois que l’interdiction de cet herbicide redevient d’actualité.

 

 

L’agriculture européenne ne sait pas encore si elle va devoir se passer du glyphosate. La France affiche depuis deux à trois années le souhait « d’en sortir ». Rappelons que le président Emmanuel Macron avait promis l’interdiction des principaux usages du glyphosate en 2021.

 

Depuis le 1er janvier 2019, la vente, détention et utilisation  des pesticides « chimiques » dont le glyphosate sont interdites au grand public. Mais dans le monde agricole, l’interdiction de cet herbicide polyvalent s’avère difficile, ce qui explique pourquoi l’Europe rechigne tant à l’interdire.

 

 

Encore largement utilisé

 

On estime à 43 000 tonnes le volume de pesticides écoulé en France chaque année. Environ 9 000 tonnes de glyphosate étaient écoulées chaque année jusqu’en 2019, puis le volume écoulé a commencé à baisser à 7 à 8 000 tonnes. La SNCF a renoncé à utiliser ce produit décrié en 2022. Les viticulteurs doivent composer avec de nouvelles règlementations, comme l’interdiction de pulvériser cet herbicide entre les rangs des vignes.

 

Néanmoins, le glyphosate reste encore largement utilisé pour lutter contre les mauvaises herbes, notamment dans les grandes cultures céréalières, où l’on utilise jusqu’à 800 grammes de substance active par hectare pour éliminer les mauvaises herbes (adventices).

 

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Comprendre les usages

 

 

Une mission parlementaire en 2019 a rencontré un large panel d’acteurs (ministres, ingénieurs, instituts de recherche, filières agricoles, la SNCF  ex-plus gros utilisateur non agricole en France, grands cultivateurs, viticulteurs…). Elle a essayé de mieux comprendre les usages et d’envisager une alternative au glyphosate.

 

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Tous les experts admettent que la sortie du glyphosate  – si elle était un jour actée – est compliquée : les techniques de remplacement pour lutter contre les mauvaises herbes ne sont pas au point. Il n’existe pas de matériel polyvalent (outils de désherbage mécanique ou électrique) pour répondre aux différents besoins. Pour les grandes cultures, il faut « travailler » les sols, labourer, et donc s’équiper et passer davantage d’heures.

 

 

Le désherbage à la main

 

 

Dans plusieurs cas de figure, il faudrait revenir au désherbage « à la main ». Par exemple, pour l’agriculture de conservation des sols (semis direct sous couverture végétale, sans travail des sols); les cultures sur terrains trop en pentes ou trop exposés aux risques d’érosion ; certaines cultures soumises à des cahiers des charges très exigeants.

 

Un fort surcoût

 

Comme on pouvait s’y attendre, la suppression de l’herbicide se traduira inévitablement par un fort surcoût (de 50 à 150 euros l’hectare, voire davantage dans certains cas). Selon la mission parlementaire qui a planché sur le sujet, la sortie du glyphosate exige de fournir un important travail d’accompagnement technique et de formation des agriculteurs. Bref, personne ne cache que le dossier relève un peu du casse-tête.

 

JC Nathan

 

Sources : Assemblée nationale

Ouest-France