Après les sodas, une taxe sur les mauvais aliments

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alliments faible qualité nutritionnelle

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Pour réorienter les consommateurs sur de bons aliments, on peut mettre une taxe sur les aliments nocifs pour la santé. C’est la suggestion du rapport Hercberg.

 

Une taxe sur les aliments trop sucrés (type sodas), trop salés, trop gras… C’est l’une des recommandations du rapport réalisé par Serge Hercberg,  épidémiologiste, expert en nutrition à l’Inserm, et remis au ministère de la Santé il y a quelques mois (Lire aussi Un code couleur sur les aliments) . L’idée a déjà été testée il y a deux ans avec les sodas. En 2012, la France avait en effet instauré une taxe sur les boissons avec sucres ajoutés et édulcorants : 11 centimes par bouteille de 1,5 litre.

 

Faire baisser la consommation de sodas

 

Le but de la taxe sodas est de favoriser une baisse de la consommation de sodas fortement incriminés dans la montée du surpoids et de l’obésité. Selon diverses observations, la taxe soda a entrainé une hausse des prix jusqu’à 25% pour les marques de distributeurs, de 4 à 9% pour les marques comme Coca-Cola.

 

Début 2013, on a observé une baisse des ventes de sodas sucrés gazeux de 4% (contre une croissance attendue de 2%). L’ensemble des ventes de « boissons rafraîchissantes sans alcool » a baissé de 1,6%. La consommation de « nectars » a reculé de 8,5% en 2012, en raison de la taxe, a estimé l’interprofession.

 

Taxer la qualité nutritionnelle faible

 

Ce que prône le rapport Hercberg est de taxer tous les aliments dont la qualité nutritionnelle est faible ou mauvaise (aliments gras, sucrés, très salés), et de réduire la TVA sur les aliments les meilleurs pour la santé. Les consommateurs seraient incités à reporter leurs achats sur de bons produits. Les industriels seraient encouragés à améliorer la qualité de leurs aliments. (Lire aussi, Bonbons, chips, et calories vides : un risque santé)

 

Les aliments les moins chers

 

Le rapport Hercberg souligne que le prix est l’un des principaux leviers des comportements d’achats alimentaires, avant les habitudes ou le goût. Malheureusement, les aliments à forte densité calorique et faible densité nutritionnelle sont les moins chers. On peut donc tenter d’influencer les  comportements alimentaires par un système de taxation adapté. Une politique que prône l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

 

Des taxes nutritionnelles

 

Face à la montée des pathologies induites par une mauvaise alimentation, de plus en plus de pays mettent en place des « taxes nutritionnelles ». Le Danemark a créé en 2011 une taxe de 2,15 euros par kilogrammes de graisses saturées, taxe il est vrai supprimé un an plus tard sous la pression des lobbies. La Hongrie a taxé les produits de grignotage (snacks) à haute teneur en sel (chips, noix salées)  et en sucre (chocolaterie, biscuits, glaces), la Finlande a remis en place une taxe sur les produits et les boissons sucrés. Divers pays européens (Roumanie, Irlande, Royaume-Uni, Norvège, Italie…) envisagent aussi des taxes nutritionnelles.

 

Pour être efficace, les taxes devront être significatives. Mais elles risquent d’entraîner parmi les classes modestes une baisse du pouvoir d’achat. Pour la compenser, Serge Hercberg suggère des bons d’achat de fruits et légumes. Une démarche décidément très volontariste  !

 

Aurélie Laroche

 

Source : Propositions pour un nouvel élan de la politique nutritionnelle française de santé publique. Pr Serge Hercberg. Novembre 2013.

 

Photo : www.sixflags.com