Les boîtes de thon en conserve contiennent des quantités anormales et dangereuses de mercure, un puissant contaminant lourd. C’est la révélation que vient de faire l’Association Bloom, une ONG qui lutte pour la protection de la nature et des océans.
Le thon en boîte est fortement contaminé par le mercure, un dangereux neurotoxique. C’est le résultat d’une enquête menée par l’ONG Bloom. La valeur limite est de 0,3 mg de mercure par kilo de thon. Mais l’on interdit pas en Europe la vente de thon à 1 mg de mercure par kilo de thon. Bloom a testé 148 conserves de thon vendues dans les cinq grands pays européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France, Italie).
Treize fois la limite règlementaire
Selon l’organisation, plus d’une boîte sur deux dépasse la limite. Certaines conserves atteignent des niveaux aberrants. Une boîte de la marque Petit Navire affichait une teneur record de 3,9 mg/kg, soit treize fois la limite règlementaire. De nombreuses boîtes flirtent avec 1 milligramme par kilo (mg/kg) de thon en Europe. Ce qui revient à tolérer pour chaque personne, une exposition au mercure de 1,3 microgramme par kilo de poids corporel par semaine (µg/kg pc/sem). La norme fixée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est deux fois supérieure à celle en vigueur aux Etats-Unis.
Le mercure s’accumule dans la nature
Le mercure est rejeté dans l’environnement par l’industrie, les combustions fossiles (charbon), l’incinération des déchets. Dans la nature, le mercure « métallique » se transforme en méthyl-mercure et diméthyl (forme organique), particulièrement toxiques.
Lire : Le mercure
Le méthyl-mercure s’accumule dans la nature, en particulier dans la mer et le poisson, et tout spécialement dans les grands poissons prédateurs comme le thon et l’espadon. Or, le thon est fortement consommé. En France, on en mange en moyenne 4,9 kg par personne, par an (en équivalent poids vif). Chez l’homme, le mercure (ou méthyll-mercure) s’accumule dans le sang, le foie, les os.
Atteintes au système nerveux central
Les dangers pour la santé de ce neurotoxique, classé cancérogène possible par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) sont multiples : troubles cognitifs, atteintes au système nerveux central, altérations visuelles, maladies cardio-vasculaires, atteintes rénales, troubles de l’immunité ou de la reproduction… Les dommages sur les « enfants à naître » sont encore plus problématiques.
Selon Bloom, l’administration européenne se montre très conciliante, autorisant pour le thon, des dépassements en matière de mercure deux à trois plus élevés que pour d’autres poissons (cabillaud, anchois, sardines). Les concentrations de méthyl-mercure (dérivé du mercure) sont aggravées par l’effet de mise en conserve, mais l’administration a fixé les normes sur du poisson frais, laissant davantage de marge de latitude aux conserves, ce qui est assez hypocrite.L’ONG voit dans ces aberrations la preuve de l’efficacité du lobbying des industries pêchières, et évoque le scandale sanitaire.
JC Nathan
sources : anses