Le pamplemousse est anti-médicaments

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pamplemousse et medicaments

Le pamplemousse est contre-indiqué pour un large éventail de médicaments. C’est un phénomène  biochimique surprenant mais bien réel.

 

 

Pamplemousse et médicaments ne font pas bon ménage. Cette découverte scientifique a été faite il y a quelques années aux Etats-Unis, mais elle est encore souvent méconnue du grand public. Que se passe-t-il ? Quand on prend un médicament, notre corps le métabolise, c’est-à-dire qu’il le décompose et l’absorbe. Cette réaction biochimique se fait à l’aide de catalyseurs. L’un des principaux catalyseurs est le Cytochrome (CYP3A4), l’une des enzymes permettant à l’organisme de métaboliser la plupart des médicaments et diverses autres substances dites xénobiotiques.

 

 

Effets de surdosage et complications

 

 

Or, il s’avère que le pamplemousse (en fruit ou en jus) inhibe l’action de cette enzyme. Bizarrerie scientifique, c’est le seul agrume à avoir cet effet délétère. En présence de pamplemousse, le médicament n’est pas métabolisé, et donc le principe actif du médicament reste dans le sang en grande quantité et plus longtemps. Cela peut entraîner des effets de surdosage et dans certains cas de graves complications (hémorragies internes, troubles rénaux, problèmes respiratoires…). Même la prise décalée entre le fruit et le médicament (un le matin, l’autre le soir) pourrait être risqué.

 

 

 

 

Un large éventail de classes de médicaments

 

 

David Bailey, le chercheur canadien à l’origine de cette découverte, a listé près de 80 traitements pour lesquels la prise de pamplemousse devient dangereuse. Parmi ces médicaments, on trouve des anti-infectieux, des anti-inflammatoires, des anti-cholestérol (statines), des médicaments cardiovasculaires, des médicaments anti-cancer, des anti-diabétiques, des médicaments gastro-intestinaux, des médicaments pour les problèmes urinaires, des médicaments psychiatriques et neurologiques (antidépresseurs, antipsychotiques (ou neuroleptiques), des antidouleurs opiacés, anxiolytiques…), des hormones de substitution (estrogène), des immunosuppresseurs.

 

 

Une liste non exhaustive de l’Agence du médicament

 

 

L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a même donné des noms précis de principes actifs et de médicaments réagissant très mal au pamplemousse : anti-cholestérol (la simvastatine – Zocor®, parfois l’atorvastatine – Tahor®) immunosuppresseurs (ciclosporine – Néoral®, tacrolimus – Prograf®), des antiarythmiques (dronédarone – Multaq®, l’ivabradine – Procoralan®), des antidépresseurs (sertraline – Zoloft®), des médicaments contre le cancer du sein (docétaxel – Taxotère®).

 

 

Quelques exemples d’effets indésirables

 

 

En cas de traitement contre le cholestérol et l’hypercholestérolémie, les médicaments à base de statines (simvastatine, atorvastatine), mis en contact avec du jus de pamplemousse, peuvent générer de la rhabdomyolyse, c’est-à-dire une destruction des cellules musculaires. Certains antibiotiques – erythomycine, halofantrine (antipaludisme), clarithromycine (infections bactériennes pulmonaires, gorge, sinus), en contact avec le pamplemousse, vont entraîner de la tachycardie.

 

Des médicaments anti-cancer (traitements à base de cyclophosphamide, imatinib) vont perdre de leur efficacité ou devenir toxiques.  Divers corticoïdes et antiinflammatoires (ibuprofène par exemple) peuvent réagir au pamplemousse par des effets multiples (neuropathie, hyperglycémie, baisse de globules blancs…). 

 

La recommandation de l’ANSM

 

L’ANSM recommande  aux patients  en cours de traitement de lire attentivement les notices des médicaments qui logiquement mentionnent les interactions à risque et de s’abstenir de consommer du pamplemousse, le fruit comme le jus.

 

 

JC Nathan

 

Sources :

 

www.passeportsante.net

www.santemagazine.fr