La viande artificielle est-elle l’avenir de la protéine animale et de la planète ? Le débat vient d’être relancé avec la commercialisation d’un produit carné provenant d’un laboratoire.
La viande artificielle (viande cultivée ou viande développée en laboratoire, disent les Américains) fait l’objet de recherches actives depuis de nombreuses années dans le monde entier. L’actualité a rebondi au mois de décembre 2020 avec la commercialisation de poulet artificiel à Singapour. C’est une start-up américaine, Eat Just, qui a décroché la première autorisation sanitaire pour une viande artificielle obtenue par reconstitution de cellules animales in vitro.
Fibres musculaires reconstituées
La nouvelle, bien relayée par l’association Agriculture cellulaire France, une entité chargée de promouvoir les projets de viande artificielle, a fait l’objet d’une réception plutôt « réservée ». Selon Jean-François Hocquette, directeur de recherche à l’Inrae (Institut national de recherches agronomiques et de l’environnement), il ne s’agit pas de viande mais seulement de fibres musculaires reconstituées.
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Ensemble complexe de fibres, tissus, cellules de matière grasse
Et le scientifique d’expliquer que la viande véritable, est un ensemble complexe de fibres musculaires, combinés à des tissus conjonctifs, des nerfs, des vaisseaux sanguins et des cellules de matière grasse. Effectivement, cette viande in vitro évoque davantage des nuggets végétales plus que le steak ou la cuisse de poulet. Le directeur de l’Inrae, institut qui travaille pour l’agriculture française et donc pour le secteur de l’élevage français, a également émis des doutes sur les qualités nutritionnelles de cette viande artificielle. Il faudra, a-t-il indiqué, des études complémentaires pour évaluer précisément ces aspects.
39 milliards d’euros
L’élevage français représente 173 000 exploitations (bovins, ovins, porcins, volailles…). La filière de la viande pèse la bagatelle de 39 milliards d’euros de chiffre d’affaires et constitue l’un des fers de lance de l’exportation de la France. Autant dire que la promotion de la viande artificielle n’est pas spécialement bien perçue dans l’hexagone.
Lourdes émissions de méthane
Le débat « viande d’élevage versus viande artificielle » ne fait que commencer. Compte tenu de la croissance démographique et du développement de l’Asie et de l’Afrique, on envisage une augmentation de la consommation de viande de 70% d’ici à 2050.
L’accroissement de l’élevage que cela suppose n’est pas soutenable pour la planète. Rappelons que 15% des émissions de gaz à effet de serre sont dus à l’élevage. Soit davantage que les émissions des avions, voitures, trains bateaux réunis. L’élevage est notamment à l’origine de lourdes émissions de méthane, l’un des gaz à effet de serre les plus problématiques.
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JC Nathan
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