Les profits du lait pas pour les éleveurs

0
148
lait eleveurs

Le lait ne rémunère plus les éleveurs. Le rapport de forces avec les industriels et les distributeurs est trop inégalitaire.

 

Les éleveurs produisant du lait ont de bonnes raisons de se révolter, estime un rapport publié fin novembre 2023 par la Fondation pour la Nature et l’Homme. Avec l’aide d’un bureau d’étude, la Fondation a cherché à analyser la répartition de la valeur dans la chaîne laitière, pour comprendre si les éleveurs n’étaient pas opposés à la transition écologique, en raison de leur mauvaise rémunération.

Le rapport met en lumière des données qui interrogent : il y a 20 ans, une bouteille de lait demi-écrémé coûtait 55 centimes d’euros hors taxes. L’éleveur touchait 25 centimes sur ce litre de lait. En 2023, cette même bouteille coûte 83 centimes et l’éleveur touche…24 centimes le litre.

 

Un marché de 17 milliards

 

L’industrie agro-alimentaire et la distribution n’ont cessé d’accroître la part de leurs revenus. Entre 2018 et 2021, les industriels ont accru de 55% leurs marges brutes, les distributeurs les ont doublées tandis que les revenus des éleveurs plafonnaient. Le rapport de forces entre agriculteurs et industriels est très déséquilibré. Une poignée de grands groupes – Sodiaal, Danone, le géant mondial Lactalis, tiennent le marché du lait conditionné. L’ensemble du marché des produits laitiers pèse 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

 

Lire aussi : Le géant du lait Lactalis et les petits producteurs

 

La filière a largement répercuté l’inflation avec des hausses de prix de 20 à 24% sur divers produits laitiers (lait demi-écrémé, yaourts, fromage, beurre) entre le printemps 2022 et le printemps 2023. Mais de leur côté, les éleveurs sont de plus en plus précarisés.

Leurs dépenses en énergie, en aliments pour le bétail et en engrais n’ont cessé d’augmenter tandis que le prix de leur lait reste bloqué dans un rapport commercial inégal. Ils ne peuvent maintenir leur exploitation qu’avec l’aide de Bruxelles. Un statut de plus en plus problématique qui explique à la fois la désaffection pour la profession d’éleveur et le mécontentement des agriculteurs.

 

JC Nathan

Lire aussi : Le lait bio en manque de consommateurs

 

Photo : www.filiere-laitiere.fr

Sources : lemonde.fr

Note_conjoncture_lait_Juin_2023.pdf