Obésité : les médicaments ne sont pas la solution

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Une nouvelle génération de médicaments contre l’obésité est apparue. Des scientifiques dénoncent l’illusion qu’on peut combattre efficacement ce mal, uniquement avec l’apport de molécules.

 

Des médicaments miraculeux contre le surpoids et l’obésité… On peut douter de cette promesse. L’obésité est un fléau mondial qui n’épargne pas la France. Sa prévalence a quasiment doublé en trente ans, passant de 8,5% à la fin des années 2000 à 17% en 2020. Selon tous les experts, cette tendance au surpoids et à l’obésité va continuer, avec à la clef, un cortège d’affections (diabète, cholestérol, maladies cardio-vasculaires, cancers…).

 

Lire : L’obésité et l’agressivité du cancer

 

Lutter contre l’obésité des enfants

 

Une nouvelle génération de médicaments est apparue qui suscite beaucoup d’espoirs : les analogues de l’hormone intestinale Glucagon-like-peptide-1 (GLP-1). Le Glucagon-like-peptide-1 est une hormone intestinale secrétée par des cellules du système digestif. Cette hormone (GLP-1) concourt à la sécrétion d’insuline (meilleure absorption du glucose), au ralentissement de la vidange gastrique (le vidage de l’estomac) et à la réduction de l’appétit.

 

Saxenda, Wegovy, et Mounjaro

 

Les médicaments analogues à l’hormone GLP-1 permettent ainsi de lutter contre le diabète et/ou de combattre l’obésité. Contre l’obésité, les médicaments les plus connus sont le Saxenda (molécule liraglutide), le Wegovy (semaglutide) et le Mounjaro (tirzépatide). Ils sont pris sous forme d’injection hebdomadaire. Ces molécules utilisées contre le diabète de type 2 sont désormais prescrits dans le cas de traitements d’obésité en complément de régime hypocalorique et de reprise d’une activité physique. La perte de poids après une longue période de traitement  (plus de 16 mois) peut atteindre 15%, ce qui n’est pas négligeable, mais pas miraculeux non plus.

 

 

Les limites de ces traitements

 

 

Des spécialistes de la nutrition (voir article The Conversation) s’inquiètent de l’engouement que sont en train de provoquer ces traitements contre l’obésité. Ces molécules miracle soulèvent plusieurs problèmes. Il y a la question du coût. De l’ordre de 300 euros par mois. Pour l’heure, ils ne sont pas pris en charge par l’assurance maladie et sont donc réservés à des catégories aisées. Il y a la difficulté à suivre correctement un traitement sur une longue durée. Enfin, il peut y avoir un effet secondaire comme la perte de muscles (sarcopénie) liée à la perte de poids dans son ensemble.

 

 

Ne pas s’attaquer aux causes

 

 

Mais ce qui interroge certains scientifiques critiques, c’est le fait de ne pas s’attaquer aux causes du surpoids et de l’obésité. Citons en vrac, l’abondance de l’offre de produits sucrés, salés, transformés ; les perturbateurs endocriniens et autres polluants ; la question économique et sociale (l’obésité est beaucoup plus élevée chez les ménages modestes) ; etc.

 

Lire aussi : Le microbiote et l’obésité 

 

Parier sur des molécules, aussi efficaces soient-elles, ce n’est pas résoudre le problème du surpoids et de l’obésité qui suppose en réalité une prise en charge pluridisciplinaire, et une alliance large entre patients, scientifiques, soignants, spécialistes de la prévention en santé, responsables de la santé, etc. « On ne peut espérer diminuer significativement et durablement la prévalence de l’obésité qu’en ciblant l’ensemble des facteurs qui la sous-tendent, individuels, sociaux et environnementaux », avertissent ces experts.

 

 

Aurélie Laroche

 

Sources : The Conversation. Obésité : pourquoi les nouveaux médicaments ne sont pas des remèdes miracles. Alexandre Duparc. Olivier Lairez. Philippe Terral. Tania Pacheff.