La viticulture française est malade

0
5
viticulture vignes

La viticulture française est malade. Les sénateurs français viennent de publier un rapport pour tirer la sonnette d’alarme et livrer leur diagnostic.

 

Rien ne va plus dans la viticulture, analyse la commission des affaires économiques du Sénat. « Comment expliquer que nombre de bouteilles de vin sous appellation soit moins chères que de l’huile d’olive ? » s’indignent les sénateurs qui ont rencontré pour leur audit une cinquantaine de professionnels dans l’Aude, l’Hérault, le Bordelais, la Bourgogne.

 

 

On ne boit plus de vin

 

 

L’inquiétude grandit : on ne boit plus de vin en France, se désespère la filière. On buvait 135 litres de vin par an et par habitant en 1960. La consommation est tombée à 41 litres en 2023 !  On compte désormais 37% de non consommateurs ou consommateurs rares, contre 19% en 1980. Et comble du malheur, les jeunes se désintéressent du vin ! Des chiffres qui devraient rassurer les addictologues et tous les soignants de l’alcoolisme mais qui consternent le monde du vin et le monde politique, très attaché à cette caractéristique française, à haute valeur culturelle et économique.

 

 

Une série d’obstacles

 

 

La viticulture française pèse 450 000 emplois, 32 milliards de valeur ajoutée, et génère un excédent commercial de 14,7 milliards d’euros et 6,4 milliards d’euros de recettes fiscales.   Avec 3 % de surface agricole utilisée (SAU), les viticulteurs réalisent 15,3 millards de valeur, soit 16%, presque un sixième de la valeur totale produite par l’agriculture. Mais le géant viticole est en train de décliner. Les obstacles se multiplient ces dernières années, analyse la commission sénatoriale. Le marché chinois et plus récemment le marché américain se sont refermés. Le changement climatique vient compliquer la tâche des viticulteurs (avancée des vendanges, déficit hydrique, baisse brutale des rendements…).

 

Lire aussi : Les vignerons et viticulteurs en grandes difficultés

 

 

Sous signe de qualité

 

 

Surtout, le rapport des sénateurs.trices insiste sur une déconnection entre l’offre des vins et la demande.  En quelques dizaines d’années, l’essentiel de la production de vin (95%) est passée sous signe de qualité  (SIQO : signes d’identification de la qualité et de l’origine). Premier souci, la France a totalement abandonné l’entrée de gamme. Elle importe massivement du vin en vrac d’Espagne (du vin sans indication géographique ou de cépage) quitte à le réexporter ensuite vers d’autres marchés !

 

Lire aussi : Le réchauffement va bouleverser la viticulture

 

 

Les consommateurs ne comprennent pas

 

 

Plus problématique, la plupart des consommateurs ne connaissent pas ou ne comprennent pas ce que signifient les signes de qualité, que ce soit AOP ou IGP. L’apposition d’un signe de qualité sur une bouteille ne peut dispenser les viticulteurs d’une solide démarche commerciale complémentaire, avertissent les rapporteurs.  Démarche qui ne semble pas vraiment assurée. Souci connexe, la complexité du marché du vin, les règles mal suivies sur les appellations ou sur les quantités déclarées par les producteurs, etc… Les professionnels ont tendance à brouiller les cartes, au gré de leurs intérêts, ajoutant à la confusion et au dysfonctionnement du marché.

 

Au final, les sénateurs refusent l’arrachage des pieds de vignes comme solution à la crise de la filière. Mais on ne comprend pas trop quels les grands axes de redressement du secteur viticole qu’ils préconisent.

 

JC Nathan

 

Source : Rapport d’information sur la filière viticole. Sénat. 29 octobre 2025.