La pollution des rivières et des cours d’eau : des signes inquiétants pour la France

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qualité de l'eau

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La pollution des rivières et des eaux souterraines est peut-être plus grave qu’on ne le reconnaît officiellement.

 

Deux études récentes tirent la sonnette d’alarme sur la pollution des rivières et des cours d’eau. WWF dénonce dans un rapport récent les insuffisances du système de contrôle public, tandis qu’une étude scientifique approfondie met en évidence la pollution de la Loire, l’un des cours d’eau les plus sauvages d’Europe.

 

L’eau, un patrimoine à protéger

Depuis 2000, l’Europe a adopté une directive déclarant que « l’eau n’est pas un bien marchand comme les autres mais un patrimoine qu’il faut protéger et défendre comme tel ».  Objectif : atteindre le bon état écologique et chimique des eaux d’ici 2015.

Transcrite en droit français, la directive suppose que chaque état prenne des mesures pour rétablir la qualité des eaux et stopper les rejets de substances dangereuses : pesticides, métaux lourds, résidus médicamenteux (antidépresseurs, stéroïdes, perturbateurs endocriniens…). Il n’est pas certain du tout que la France ait mis les moyens suffisants pour atteindre cet objectif.

 

Un  thermomètre cassé

Le rapport de WWF France dénonce les graves insuffisances du système français d’évaluation et de contrôle de l’eau. Parmi les accusations de WWF : le système public contrôle un trop faible nombre de substances toxiques; il ne prend pas en compte le cumul des contaminations et les effets cocktails ; les seuils de qualité définis sont arbitraires. Selon Cyrille Deshayes, responsable des programmes eau et agriculture au WWF France, avec de telles pratiques, on peut prétendre officiellement que « les rivières sont en bon état chimique, alors qu’une contamination importante, sournoise, contribue à la disparition des espèces aquatiques et la biodiversité ». Bref, « on a cassé le thermomètre ». Il ne faut pas s’étonner, estime WWF si des espèces très sensibles aux polluants chimiques comme les batraciens, soient très menacées.

 

Des contaminants persistants dans la Loire

Une étude réalisée par Charles Lemarchand et Philippe Berny, deux toxicologues de VetAgroSup (campus vétérinaire de Lyon), et René Rosoux, le directeur scientifique du Musée d’Orléans, met en évidence la pollution de la Loire et la présence de contaminants lourds dans la faune sauvage.

 

Balbuzard-pêcheur, grand cormoran, loutre, poissons migrateurs (anguille, mulet porc), crustacés, bivalves sont porteurs de PCB (polychlorobiphényles), interdits en France depuis 1987, mais aussi de pesticides organochloré et organophosphorés, métaux lourds, mercure, herbicides, anticoagulants… Les espèces sauvages ne seraient pas menacées à court terme, notent les scientifiques. Mais cela ne suffit pas à rassurer : avec le réchauffement climatique en perspective, la concentration des polluants dans l’eau s’aggravera.

 

Lire aussi : l’eau, ressource rare

 

Sources : http://wwf.fr/media/documents/l-etat-des-eaux-derriere-une-information-officielle-deficiente-des-evaluations-et-des-donnees-inquietantes

 

Ecotoxicology of the Eurasian Otter (Lutra lutra) along Loire River (France) and Predictable Trends due to Global Change

Charles Lemarchand, Rene Rosoux and Philippe Berny. Proceedings of XIth International Otter Colloquium, IUCN Otter Spec. Group Bull. 28B: 5 – 14

www.otterspecialistgroup.org/Bulletin/Volume28B/Lemarchand_et_al_2011.html

 

« La pollution court tout le long de la Loire ». Catherine Vincent. Le Monde 26 février 2013