« Un enfant ne mange pas un aliment parce qu’il est bon pour la santé »
Marie-Claire Thareau-Dupire est spécialiste de l’analyse sensorielle et du goût. Formatrice, consultante, elle a créé une association, Pommes et Sens (Promouvoir Optimiser Matérialiser Motiver l’Éveil des Sens) qui travaille à redonner du sens à l’alimentation. Elle a publié « Comment donner à son enfant le goût d’une alimentation équilibrée » chez Leduc.s Edtions (2010).
Que fait-on avec un petit qui refuse ce qu’on lui sert à manger ?
Un enfant ne mange pas un aliment parce qu’il est bon pour la santé mais parce qu’il lui plait. Il faut savoir dire : « ce n’est pas grave si tu n’aimes pas, un jour tu arriveras à en manger ». Il faut lui donner confiance, envie. Chaque individu a la capacité de tout aimer, mais il lui faut faire rencontrer petit à petit les aliments.
Aux tout petits, on peut présenter plusieurs fois de suite les aliments en changeant leur forme. Par exemple, on varie les cuissons du chou fleur pour qu’il sente moins, on peut l’écraser, l’associer à des pommes de terre et de la crème fraîche, etc.
Vous prônez un apprentissage alimentaire avec une approche basée sur le plaisir et l’éveil des sens ?
Une approche en douceur permet d’ouvrir la porte du goût, d’éveiller les papilles. La dimension du plaisir, plaisir initié par les cinq sens, est primordiale. Beaucoup d’enfants n’aiment pas les endives mais on peut leur fait regarder une endive, la toucher, la sentir. Le fait de rencontrer l’aliment, de se l’approprier, va faire qu’on l’aimera un jour.
Selon vous, il ne devrait pas y avoir de blocage alimentaire ?
Certains aliments peuvent avoir laissé une aversion mais ils sont en principe peu nombreux. Si l’enfant a pu s’exprimer, verbaliser, prendre conscience de ses goûts et dégoûts, il n’y aura pas de problème plus tard. Quelqu’un en bonne santé, sans peur particulière, finit un jour par aimer la plupart des aliments. C’est juste un climat propice à créer.
Que faire avec les ados réticents face au repas familial ?
On ne peut pas empêcher les jeunes de préférer le fast-food et les copains. Mais en parallèle, on peut créer des moments privilégiés, par exemple en les invitant dans une crêperie ou un restaurant de temps en temps. L’important est de se poser, manger des bonnes choses, préparer un bon plat bien présenté, passer un bon moment ensemble. C’est aux parents de provoquer ce type de moment convivial. C’est comme ça qu’on peut transmettre un message positif sur la nourriture.