Les annonces successives de cas de grippe aviaire dans des élevages en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Pays-Bas montrent une fois encore le caractère mondial des épidémies virales.
La grippe aviaire est de retour en Europe. Les Pays-Bas est le principal pays touché. Pour les spécialistes mondiaux, ce n’est qu’une demi-surprise. Plusieurs variantes de virus aviaires sévissaient déjà depuis plusieurs mois en Asie. La souche H7N9 a émergé en Chine en mars 2013, entraînant environ 170 morts en Asie (lire Virus de grippe aviaire : une menace codée H7N9). Capable d’infecter des mammifères, le virus H7N9 est potentiellement en mesure de déclencher une pandémie. En Corée, c’est la souche H5N8 qui est apparue en janvier dernier.
Signe clinique d’infection
La FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, avait alerté en septembre dernier la communauté internationale sur les risques présentés par la recrudescence des virus de grippe aviaire à l’approche de l’hiver. « Les virus de grippe aviaire continuent de circuler dans les élevages de volailles. Des animaux atteints du virus H7N9 ne présentent pas de signe clinique de l’infection », pointaient les experts de la FAO. Aussi, même si le monde est mieux préparé à lutter contre les épidémies de grippe aviaire depuis la grande crise H5N1, la FAO et l’OMS appelaient à la prudence et au renforcement des mesures de détection du virus afin de limiter tout risque d’épidémie.
Un oiseau ou une volaille importée
Deux mois ont suffi pour que cet avertissement prenne tout son sens. Le virus a franchi les quelques milliers de kilomètres qui le séparait de l’Europe, soit par l’intermédiaire d’oiseaux migrateurs, soit par l’importation d’une volaille ou d’un poussin infecté. Premier exportateur mondial d’œufs, les Pays-Bas ont annoncé qu’ils interdisaient tout transport de volailles pendant 72 heures et qu’ils allaient abattre 150 000 poulets en conformité avec les règles européennes en matière sanitaire.
Risques de transmission
Une représentante de l’Organisation Mondiale de la santé animale (OIE), Catherine Bertrand-Ferrandis, a fait des déclarations rassurantes pour expliquer que les risques de transmissions à l’homme étaient très limités. Cette analyse est vraie si la discussion porte sur le virus de grippe aviaire stricto sensu et sur le type d’infection – en général par contact – qu’il suppose.
Mais le souci des virologues mondiaux, c’est le risque de mutation génétique de tels virus et/ou de recombinaison avec des virus de grippe humaine classiques (Lire autre article Le retour de la grippe aviaire). C’est cette menace qui avait déclenché la grande panique mondiale vis-à-vis de H5N1 en 2004, laissant craindre plusieurs millions de morts. Au total, H5N1 avait finalement tué moins de 300 personnes en quatre ou cinq ans.
JC Nathan
Sources : www.fao.org
www.lemonde.fr
Photo : www.beneluxnaturephoto.ne