Si les fruits et légumes bio sont plus riches en antioxydants que les produits agricoles conventionnels, c’est peut-être en raison de leurs systèmes de défense très actifs.
Les fruits, légumes et céréales bio (et d’aliments à base de ces végétaux) seraient bien plus riches en polyphénols et autres antioxydants que les produits issus de l’agriculture conventionnelle. Les apports supplémentaires pourraient être de 20 à 40% (voire même jusqu’à 60%). Cette conclusion marquante de l’étude menée par l’Université de Newcastle (Grande-Bretagne), publiée en juillet 2014 dans la revue British Journal of Nutrition, tiendrait à de complexes mécanismes de défense des plantes.
Moins de résidus de pesticides
L’étude de Newcastle a passé au crible 343 articles scientifiques comparant des produits bio et des produits issus de l’agriculture conventionnelle. Les produits bio s’avèrent supérieurs aux produits conventionnels à plusieurs égards. Bien évidemment, on trouve nettement moins de résidus de pesticides dans le bio. Pour les scientifiques, ce résultat n’allait pas de soi, les cultures bio étant elles-aussi exposées, par l’air ou par les eaux de pluie ou de ruissellement, à des pollutions de pesticides.
Cadmium, un contaminant lourd
La teneur en cadmium, l’un des trois métaux lourds très surveillés dans l’alimentation avec le mercure et le plomb, serait inférieure d’environ 50% en bio. La présence plus importante de cadmium dans l’agriculture classique pourrait venir de l’usage d’engrais phosphatés. Pour la même raison, on trouve davantage de nitrates dans les produits conventionnels que dans le bio.
Antioxydants
La présence élevée de composés phénoliques (antioxydants) dans les produits bio n’est pas encore totalement expliquée. Plusieurs facteurs pourraient favoriser le développement de substances antioxydantes dans les plantes bio : les variétés de plantes utilisées, le mode de fertilisation… Par exemple, la biodynamie utilise beaucoup la silice, connue pour stimuler les défenses naturelles, et donc les substances antioxydantes.
Agresseurs et défense
Philippe Nicot,chercheur à l’Inra, un des co-auteurs de l’étude de Newcastle avance cette hypothèse : « dans les cultures biologiques, les plantes sont davantage attaquées par différents agresseurs (insectes, bactéries, champignons…). Elles doivent donc se défendre. Les chaînes métaboliques à l’œuvre génèreraient davantage de composés phénoliques. »
Autrement exprimé, les plantes fortement fertilisées seraient surtout centrées sur la croissance et le développement (métabolisme primaire), tandis que les plantes bio seraient plus tournées sur leur métabolisme secondaire et la production d’antioxydants. Les partisans du bio se contenteront de la bonne nouvelle : selon cette étude, leurs produits préférés seraient nettement plus bénéfiques pour la santé. Lire à ce sujet Anti-oxydants, anti-vieillissement.
JC Nathan
Sources :
La qualité nutritionnelle des produits bio à l’étude. http://www.inra.fr
Photo : Gilles Rigoulet