Ismène Giachetti, juge de l’acide-basique

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Ismène Giachetti

Ismène Giachetti

L’équilibre passe par un juste mélange entre aliments acides et basifiants

 

Ancienne Directrice de recherches au CNRS (expert en nutrition et comportement alimentaire),  Ismène Giachetti est l’auteur de nombreuses publications et ouvrages sur les questions de nutrition et d’alimentation (dont les Apports Nutritionnels Conseillés (ANC).

Elle a travaillé à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, puis comme responsable des affaires scientifiques et règlementaires dans une entreprise agroalimentaire.

 

Pourquoi faut-il prêter attention à la plus ou moins grande acidité de notre alimentation ?

 

Ismène Giachetti :

L’organisme humain est constitué de compartiments, d’organes (sang, liquide intracellulaire, estomac, colon….) qui doivent chacun maintenir une valeur du pH  spécifique (potentiel Hydrogène : mesure de l’acidité, ou de la concentration en ions acide H+).  Par exemple, le milieu sanguin doit toujours se maintenir à  un pH de 7,35 (proche de la neutralité qui est à 7). L’estomac a besoin d’un milieu très acide pour faciliter la dégradation des aliments.

 

Le corps humain est une machine qui régule en permanence ces différents niveaux d’acidité à l’aide de systèmes  dits tampons. Pour un bon fonctionnement, les systèmes tampons ne doivent jamais être saturés. Si notre alimentation s’éloigne d’un régime équilibré  (ç-à-d. un juste mélange d’aliments alcalinisants et acides), cela peut  défavoriser notre bien-être général.

 

Quels sont les aliments acidifiants et les aliments alcalinisants ?

 

Les principaux aliments acidifiants sont les viandes, les poissons, les œufs, les fromages…bien que la préparation culinaire modifie grandement ces chiffres (on mange rarement ces aliments crus !). Les céréales sont modérément acidifiantes. Les fruits et légumes, riches en sels minéraux, sont fortement alcalinisants (basiques). Aujourd’hui, une grande partie de la population consomme beaucoup de  graisses et de protéines, donc une nourriture plutôt acidifiante.

L’idéal serait de limiter l’apport d’aliments acidifiants à 30% de nos apports caloriques. L’une des clés pour préserver l’équilibre acido-basique d’un repas est d’accompagner un plat acidifiant (comme la viande) par des aliments alcalinisants (légumes, crudités, salades, céréales et des fruits…en desserts).

 

Certains spécialistes estiment qu’une alimentation acidifiante entraînera diverses fragilités : fatigue, migraines, arthrite… , voire de l’ostéoporose (fragilité des os. NDLR) ?

 

Les liens de cause à effet entre alimentation acidifiante et certaines maladies dites de civilisation  n’ont jamais été mis en évidence scientifiquement. A ma connaissance, dans l’état actuel de nos connaissances, aucun lien causal n’est établi entre un déséquilibre acido-basique et une pathologie particulière, même pour l’ostéoporose, dont on a beaucoup parlé.  Les différences de métabolismes et les prédispositions génétiques rendent toute conclusion très complexe.

 

 

Finalement, pourquoi militer en faveur de l’équilibre acido-basique ?

 

Une alimentation acido-basique équilibrée se rapprocherait dans ses grandes lignes des recommandations nutritionnelles officielles (cf. PNNS : plus de fruits et légumes, consommation modérée de graisses et de sucres, exercice physique si possible quotidien, environ 30mn) visant à prévenir le surpoids, l’obésité, les maladies chroniques. Equilibrer les apports acidifiants et alcalinisants, c’est améliorer le fonctionnement de l’organisme ce qui indirectement peut favoriser le bien-être des personnes,  voire favoriser le maintien d’une bonne santé. Sans oublier d’y adjoindre une bonne part d’activité physique.

 

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