La grande distribution se met d’accord pour lancer son propre code nutritionnel afin de bloquer l’initiative de santé publique des associations médicales et sociétés de nutrition.
Les grandes enseignes de la distribution (Carrefour, Casino, Auchan, Super U…) viennent de s’entendre pour lancer leur code nutritionnel, censé aider le consommateur à reconnaître l’intérêt nutritionnel des aliments. Ce code est celui testé par Carrefour il y a quelques mois environ. Lire Code nutritionnel : Carrefour hors-jeu.
Un pictogramme de couleur va être apposé sur les produits indiquant la fréquence à laquelle on peut les consommer. Les bons produits auront un picto vert (consommation trois fois par jour), les moins bons (produits très gras ou nocifs) un picto violet (à consommer de temps en temps).
Aucune évaluation scientifique
La Société Française de Pédiatrie (SFP), la Société Française de Santé Publique (SFSP) et diverses autres associations de santé, de nutritionnistes, de consommateurs, dénoncent fortement cette initiative. Primo, dans ce système, aucune autorité scientifique et experte indépendante ne contrôlera les recommandations édictées par la grande distribution. Secundo, rien ne permet sur le plan scientifique de prescrire la fréquence de consommation de tel ou tel produit transformé. Par exemple, à partir de quelle analyse scientifique, prescrire « mangez tous les jours des épinards surgelés à la crème » ?
Pas de code rouge
Tertio, le code nutritionnel de la grande distribution qui comprend quatre classes d’aliments se garde bien d’utiliser un avertisseur pour les produits dangereux pour la santé, en cas d’abus. C’est en cela que l’étiquetage nutritionnel des distributeurs « torpille » l’initiative des représentants de la santé et de la nutrition.
Les produits les plus mauvais
Rappelons en effet que le code couleur soutenu par le monde de la santé (dont des représentants du Programme national nutrition santé) permettait avec cinq codes, d’identifier l’intérêt nutritionnel des aliments. Lire Un code couleur sur les aliments : les industriels refusent
La classification se faisait au sein de chaque classe d’aliments, selon la teneur en calories, en sucres simples, en graisses saturées et en sel, avec des pondérations liées à la présence de bons nutriments (fruits, légumes, fibres, protéines…). Dans une même famille de produits (exemple, « Pizzas surgelés », ou « Muesli croustillant au chocolat »), une pastille rouge aurait identifié les produits les moins qualitatifs de la catégorie, et donc les plus nocifs à terme.
Le consommateur paiera
Cette étiquette nutritionnelle vise à résumer l’essentiel de ce que doit savoir un consommateur pour améliorer la qualité de son alimentation et protéger sa santé. Les industriels craignaient beaucoup ce code couleur indépendant et scientifique. Pour contrer ce danger, l’industrie agro-alimentaire, avec le soutien de la grande distribution, n’a pas ménagé ses efforts. Au bout du compte, c’est le consommateur qui risque d’y perdre, et la société qui va continuer à payer la facture de l’obésité, du diabète et du cholestérol.
JC Nathan
Sur le vrai code nutritionnel « santé » :
http://youtu.be/GAwTyEEHnOs et http://youtu.be/oVSg_GonX10