La surpêche

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pêche industrielleComment arrêter la surpêche ? Car,  « nous » allons vers l’épuisement des ressources des océans, crient les scientifiques. Selon les évaluations de la FAO, 53% des ressources halieutiques ont atteint leur rendement maximal. 32% des stocks sont surexploités, épuisés ou en phase de reconstitution.

 

Greenpeace est encore plus alarmiste : « 80% des poissons sont surexploités ou au bord de la surexploitation. Pour les différentes espèces de  thon, pour le cabillaud, l’espadon et les requins, la situation est pire. » Les petits pélagiques comme le chinchard (les stocks sont passés de 30 millions de tonnes à moins de 3 millions de tonnes en 20 ans), l’anchois, le hareng, la sardine ont terriblement souffert. Quant à la morue, elle a perdu sa place dans l’écosystème.

 

Exploitation déraisonnée

 

Si de telles menaces pèsent désormais sur la biodiversité marine, c’est essentiellement dû à ce que l’on appelle la surpêche. A savoir une exploitation déraisonnée des ressources marines, des flottes de pêche qui ne respectent pas les quotas saisonniers, une destruction aberrante de poissons rejetés à la mer parce que non commercialisables. Selon la FAO, les prises dites accessoires représentent 15 à 50% de la pêche mondiale.

 

L’ONG WWF les estime les « captures accidentelles » à 30 millions de tonnes (30% de la pêche mondiale annuelle). Officiellement, les captures mondiales sont stabilisées aux alentours de 90 à 100 millions de tonnes de poisson par an. En réalité, les prélèvements sont bien plus importants. La pêche illicite, non déclarée et non règlementée continue de prospérer sans que l’on puisse l’enrayer. La communauté internationale peine à faire respecter des quotas réalistes permettant aux stocks d’espèces en danger de se renouveler.

 

Les espèces les plus exploitées

 

Les espèces surexploitées sont les grands migrateurs tels que le thon, les poissons vivant près du fond (morue, merlu, poisson plats), les crustacés et les céphalopodes (pieuvres, calmars, seiches…). Mais les espèces de grandes profondeurs (poissons abyssaux) vivant à plusieurs centaines de mètres au fond (grenadier, empereur, sabre, lingue bleue, siki…) sont désormais elles-aussi « attaquées » Or, ces espèces à croissance lente et forte longévité sont très lentes à se reproduire et leurs stocks sont très fragiles. L’Union européenne a mis en place une réglementation pour encadrer strictement cette pêche en eau profonde.

 

Le surarmement, source d’épuisement des stocks

 

Selon les évaluations de la Commission européenne, la flotte européenne possède une capacité de pêche deux à trois fois supérieure à la capacité de renouvellement naturel des stocks. Les pêcheurs espagnols en particulier, largement subventionnés par l’Union européenne, contrôlent un quart du tonnage de la flotte européenne. Selon Greenpeace, ces pêcheurs contribuent largement aux activités de pêche illégale. Les flottes équipées de radars et de moyens satellites ne laissent plus aucune chance aux poissons.

 

Des techniques de pêche très destructrices

 

Les nouvelles techniques de pêche portent gravement atteinte aux milieux marins et à la biodiversité. Les filets maillants dérivants (filets de centaines de mètres posés à la surface) pourtant interdits, ou bien les filets pélagiques, immenses filets remorqués sous la surface de la mer (utilisés pour les sardines, anchois, maquereaux, thons…) piègent les dauphins et les requins par milliers. Les tortues de mer sont décimées dans les filets des chaluts crevettiers.

 

Le chalutage de fond, avec ces énormes filets lestés, ratisse les fonds des océans et détruit les écosystèmes. Les chalutiers-congélateurs aspirent littéralement les stocks de poissons,  : au  large des côtes de Mauritanie et du Sénégal, des navires-usines russes s’installent pendant des mois, congèlent le poisson à bord et épuisent les stocks de poissons des eaux africaines. Un chalutier industriel pêche en une heure ce que ramène un bateau de pêche traditionnel en un mois. En une journée, ils peuvent ratisser jusqu’à 200 tonnes de poisson!

 

 

Impuissance des autorités

 

Les pouvoirs publics et les organisations en charge de la réglementation (à commencer par l’Union européenne) semblent impuissants à faire respecter les quotas et les limites liées à une pratique durable de la pêche. L’Europe tente de maîtriser l’activité de la pêche et de garantir des pratiques durables pour l’environnement au travers de la Politique Commune des Pêches (PCP). Selon cette approche, le poisson est considéré comme un bien commun qu’il s’agit de gérer, ensemble, de façon durable.

Les années passées ont démontré les limites de cette politique face à l’urgence environnementale. Des ONG telles que Greenpeace ou WWF font pression pour que l’Europe durcisse sa réglementation, limite la taille et la puissance des flottes nationales, interdise la pêche dans des zones protégées pour en faire des réserves marines, prenne véritablement en compte les avis des scientifiques.

 

Le poisson ne nourrira pas l’humanité

 

Dans une interview accordée à l’Institut de Recherche pour le Développement, Daniel Pauly, directeur du Centre des pêches de l’université Colombie Britannique à Vancouver au Canada, a déjà tiré la conclusion majeure : « la pêche ne fournira pas à l’Homme la sécurité alimentaire que l’on imaginait. On ne peut pas tout accaparer. Il faut réduire notre demande. » Les défenseurs de l’environnement ne disent pas autre chose : « Les ressources de la mer ne sont pas infinies. Il faut laisser aux poissons le temps de se reproduire et aux écosystèmes marins celui de se régénérer » Mais ce message marqué au coin du bon sens est difficile à transposer en politique active.

 

A lire sur le site : L’aquaculture

 

Crédit photo : AFP PHOTO – KAMBOU SIA

 

Sources :

« Les océans bientôt vidés de leurs poissons. www.goodplanet.info

Les pêches et l’aquaculture. www.fao.org

Surpêche : l’Europe doit changer de cap www.greenpeace.org

www.ifremer.fr

http://agriculture.gouv.fr