L’autorité sanitaire européenne vient de déclarer le Roundup non cancérigène. Un avis d’experts qui va difficilement convaincre l’opinion.
Le glyphosate, substance active du Roundup, ne présente pas de risque cancérigène pour l’homme, vient de statuer l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, European Food Safety Agency). Cet avis devrait fortement conditionner le renouvellement par la Commission européenne et l’Union européenne de l’autorisation de mise sur le marché de l’herbicide vedette de Monsanto, largement utilisé par les agriculteurs et les jardiniers amateurs.
Cancérigène ou inoffensif
Cette information est un vrai pavé dans la mare car elle fait suite au classement en mars 2015 par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), agence de l’OMS, du glyphosate comme substance cancérigène probable. Lire Après le Roundup. L’opinion publique française est d’autant plus surprise que Ségolène Royale, ministre de l’environnement, était intervenue elle-même de façon très théâtrale pour bannir le célèbre herbicide des jardineries.
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Scientifique ou politique
Pour justifier sa position, le comité technique de l’EFSA déclare que son avis repose sur de nouvelles études et données permettant une évaluation plus complète. Une argumentation qui n’a pas calmé la pluie battante de critiques : « Ce n’est pas scientifique, c’est politique », s’indigne cette responsable de Greenpeace. « L’EFSA a décidé de cajoler Monsanto au mépris de la santé de nos concitoyens » (l’eurodéputée verte Michèle Rivasi).
Un nouveau seuil de sécurité
Comme pour prouver sa bonne volonté, l’EFSA a annoncé une meilleur contrôle des résidus de glyphosate dans l’alimentation, avec la mise en place d’un nouveau seuil de sécurité toxicologique, « dose aiguë de référence« , soit la quantité ingérable sur une brève période de temps sans être nocive pour la santé, fixée à 0,5 mg/kg de poids corporel par jour. Mais cette innovation sera sans doute de peu d’aide pour tous les agriculteurs et jardiniers maniant imprudemment le glyphosate.
L’ombre du lobbying
Difficile dans cette affaire d’évacuer la dimension économique du dossier et l’ombre du lobbying. Selon certaines statistiques, le Roundup représente pour Monsanto, numéro 2 mondial des semences agricoles, 40% du chiffre d’affaires pour la partie pesticides, soit environ 1,8 milliard de dollars. Depuis quelques mois, la multinationale est mise à mal par la mauvaise conjoncture des marchés agricoles. Elle a annoncé qu’elle envisageait de supprimer 2 600 emplois en Europe.
JC Nathan
Sources :
www.lepoint.fr
Photo : www.bioalaune.com