Véronique Coxam combat l’inflam-aging

0
917
V Coxam chercheuse Inra

V Coxam chercheuse InraVéronique Coxam, chercheuse à l’Unité Nutrition humaine de l’Inra,  travaille sur le projet PolivD3 qui étudie l’évolution du métabolisme lors du vieillissement (inflam-aging) disent les anglo-saxons) et la possibilité d’utiliser une huile d’olive enrichie comme vecteur d’une nutrition préventive contre ces mécanismes.

 

Vous coordonnez un programme de recherche, PolivD3, qui étudie les grands mécanismes physiopathologiques liés au vieillissement (ostéoporose, fonte musculaire, sarcopénie…) et le rôle d’une nutrition préventive pour les contrer…

 

Le programme PolivD3 est un projet ANR (Agence Nationale de la Recherche) qui associe plusieurs laboratoires. Nous travaillons sur le fonctionnement de l’appareil locomoteur, les problèmes de mobilité et d’autonomie lors du vieillissement, et donc la question sous-jacente du métabolisme des os, des muscles et du tissu adipeux. Au cours de la vie, la masse musculaire et la masse osseuse connaissent un cycle de croissance – stabilté, puis décroissance lors du vieillissement. Le tissu adipeux évolue à l’inverse. Ce que l’on sait désormais, c’est que ces processus sont interdépendants, que les tissus « dialoguent » entre eux aux niveaux cellulaires et moléculaires. D’où l’intérêt d’un programme transdisciplinaire pour mieux comprendre l’ensemble de ces phénomènes et développer de nouvelles stratégies de préventions des pathologies dégénératives liés à l’âge.

 

Que se passe-t-il lors du vieillissement ?

 

Une  inflammation chronique s’installe. Le phénomène du stress oxydant, bien connu pour la peau, touche en réalité l’ensemble de l’organisme. Ce que les anglo-saxons nomment Inflam-aging. Lorsque des perturbations affectent un tissu donné , cela révèle souvent un dysfonctionnement généralisé,en cours sur l’ensemble de l’organisme.

 

Une nutrition très équilibrée permet-elle de pallier ces difficultés ?

 

En principe, oui. Mais dans la réalité, on constate que les personnes âgées perdent l’appétit. Leur alimentation n’est pas non plus optimale sur le plan qualitatif. Sachant que leurs besoins métaboliques restent identiques et que l’assimilation des nutriments par l’organisme est moins efficace, ces personnes ne couvent plus leurs besoins.

 

Notamment en termes de vitamine D et de calcium ?

 

La vitamine D est cruciale car elle facilite l’assimilation du calcium. Or, la carence en vitamine D, problème commun à une grande partie de la population, est exacerbée chez les personnes âgées qui pâtissent d’une diminution du nombre de récepteurs de cette vitamine au niveau de l’intestin, d’une moindre efficacité de synthèse, et de perturbation de l’activation de la molécule. L’apport en vitamine D et donc en calcium devient insuffisant. Pour maintenir l’équilibre, l’organisme va puiser le calcium dans les os, avec des conséquences de déminéralisation osseuse.

Un juste apport en vitamine D peut contrer ce processus. Il est d’autant plus important que cette vitamine a aussi un effet anti-inflammatoire et un impact sur la fonctionnalité musculaire.

 

Jusqu’à présent, on abordait les pathologies du vieillissement en traitant chaque problème de façon distincte : de la vitamine D pour la calcification, des protéines pour les muscles, des anti-oxydants contre les inflammations… Votre projet ambitionne une approche plus globale ?

 

Toutes ces pathologies sont complexes et multifactorielles. L’objet de nos recherches est de développer une approche intégrée de la nutrition, tirant parti à la fois des propriétés spécifiques des nutriments (comme leur potentiel anti-inflammatoire et antioxydant) mais aussi de leurs synergies éventuelles, afin de cibler plusieurs mécanismes à la fois (perte osseuse, fonte musculaire, …). Notre idée est d’utiliser l’huile d’olive comme vecteur de ses propres ingrédients (en particulier, les polyphénols dont on a démontré les propriétés anti-inflammatoires pour les os) et de vitamine D, un micronutriment lipophile (soluble dans les corps gras). Le but, c’est d’être plus efficace et de proposer aux seniors de nouveaux aliments à valeur santé optimisée.

 

Que donnent les premiers résultats ?

 

L’étude préliminaire sur un modèle expérimental préclinique a permis de démontrer l’existence de synergies entre les différents nutriments pressentis. Une étude clinique a été conduite sur des volontaires sains. Les analyse biologiques sont en cours de réalisation.  Nous devrions pouvoir diffuser des résultats en 2016.