Grâce à Générations Futures et à UFC Que Choisir, le grand public découvre les pifasses, PFAS, substances chimiques quasi-indestructibles, surnommés « polluants éternels ». Au programme fin 2024, un nouveau pifasse, le TFA.
A l’affiche de l’environnement en ce début 2025, les PFAS (prononcer « pifasses »), substances per et poly-fluoroalkylées, et en particulier le « pifasse » TFA. Ces contaminants dénommés « polluants éternels » car presque impossibles à éliminer, sont partout. En faisant analyser l’eau potable d’une trentaine de communes, UFC Que Choisir et Générations Futures, ainsi que le laboratoire d’analyse Eurofins, viennent de démontrer la présence dans la grande majorité des communes analysées (24 sur 30), d’un dérivé de pifasses (PFAS), l’acide trifluoroacétique (TFA), à des niveaux dépassant largement les normes sanitaires en cours d’adoption.
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Un seuil sanitaire explosé
La norme qui doit entrer en vigueur en 2026 a fixé le seuil admissible à 100 nanogrammes/litre pour chacun des vingt PFAS réglementés. Ce seuil est tout simplement explosé dans la plupart des communes contrôlées au vu de la présence de ce résidu de pifasse, qu’est le TFA. Qu’on en juge : Bruxerolles dans la Vienne (2 600 ng /l), Paris (6 200 ng /l), Moussac dans le Gard (13 000 ng /l).
Perturbateurs endocriniens et toxiques pour le foie
L’une des sources de TFA serait le flufénacet, un herbicide encore largement utilisé sur diverses cultures et qu’on retrouve dans l’eau à des niveaux anormaux. Le flufénacet, et son dérivé, le TFA, sont considérés par les autorités sanitaires comme des perturbateurs endocriniens. Perturbateurs endocriniens, substances nocives pour le foie, et sans doute aussi cancérigènes (même si les débats autour de leur toxicité sont encore contradictoires). L’autre source de TFA est tout simplement l’industrie. Dans le Gard, une usine du groupe Solvay (groupe pharmaceutique belge) produisait il y a encore quelques mois du TFA, ce qui occasionnait des rejets largement supérieurs aux normes recommandées.
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Un pifasse pas commode
Le TFA est un « pifasse » pas commode. Il est composé d’une chaîne de carbone très courte (deux atomes de carbone, dont un portant trois atomes de fluor) qui en fait une molécule très petite, très mobile, extrêmement difficile à éliminer de l’environnement. La « petitesse » de cette molécule explique en partie pourquoi les autorités sanitaires ne le traquent pas avec leurs analyses, et pourquoi les industriels traînent les pieds pour le « filtrer ». Mais il semble que l’on ne peut plus se contenter de cette « politique de l’autruche».
Peu de sévérité
Selon le chimiste environnemental norvégien, Hans Peter Arp, de l’université norvégienne de sciences et technologies, la concentration de TFA augmente rapidement dans l’eau, les sols, les plantes, et dans l’alimentations (jus de fruits, vin…). Cela tiendrait à l’utilisation de cette substance pour des gaz réfrigérants, des pesticides et des produits pharmaceutiques. Un très grand nombre de cours d’eau et de communes seraient concernés par ces polluants éternels.
Mais pour l’heure, les autorités sanitaires, en France comme dans d’autres pays européens, font preuve de peu de sévérité, tolérant des taux de TFA de plusieurs dizaines de milliers de nanogrammes par litre. De leur côté, UFC Que Choisir et Générations Futures, avec ce nouveau coup médiatique, tentent de mettre la pression sur les pouvoirs publics et demandent au gouvernement d’appliquer le principe de précaution en interdisant tous les pesticides classés comme PFAS (37 molécules).
JC Nathan
Sources : reporterre.net
Generations Futures. TFA dans l’eau en Europe