La fin du poulet Label rouge

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poulet label

La fin des labels du poulet est-elle annoncée ? C’est la menace d’une réforme de la Commission européenne à l’étude.

 

Les labels de qualité du poulet français ont-ils vécu leurs beaux jours ? Fini l’assurance de la qualité donnée par le label Rouge ou l’étiquette AB ? En décembre 2022, la Commission européenne a décidé de réviser la règlementation sur les mentions apparaissant sur les poulets et définissant leur mode d’élevage.

 

Les mentions autorisées

 

Depuis 1991, la règlementation prévoyait  cinq mentions : Alimenté avec x % de … », « Elevé à l’intérieur – système extensif », « Sortant à l’extérieur », « Fermier – élevé en plein air », «Fermier – élevé en liberté ». C’est dans ce cadre règlementaire qu’ont prospéré deux grands labels, le label Rouge et le poulet bio (AB). Des labels adossés à de stricts cahiers des charges et des systèmes de contrôles du respect des règles. Le consommateur français pouvait ainsi choisir entre trois types de poulets : le poulet de batterie, le label Rouge (régissant l’alimentation du poulet, le temps d’élevage, le bien-être de l’animal…) et le bio.

 

Lire : Le label Rouge

 

Liberté des mentions

 

Le projet de la Commission propose d’annuler le caractère obligatoire des contraintes liées à l’élevage en plein air et en liberté, et d’autoriser la plus grande liberté concernant les mentions de qualité.

Si le projet de règlementation est adopté, on pourrait voir apparaître sur les emballages des mentions aussi fantaisistes que « Poulets des champs », « Poulets de plein vent », « Poulets libres », « Poulets à l’air libre », sans qu’aucun contrôle ou cahier des charges précis ne soit appliqué.

 

Filière d’élevage de qualité

 

On reviendra à un système faisant la part belle au marketing sans que le consommateur ne soit clairement protégé par des engagements de qualité incontestables. La France est le seul pays qui, grâce à la réussite des labels, a permis à une filière d’élevage de qualité d’émerger et d’élever des poulets en plein air, voire en liberté, avec une alimentation et des conditions d’élevage très surveillées. Un système à l’opposé radical des élevages de batterie hyper-intensifs qui rassemblent parfois plus de 100 000 volailles dans des espaces concentrationnaires.

 

Lire : L’élevage industriel en question

 

Les lobbies européens

 

Selon l’Itavi (Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole), les productions « fermières – élevées en plein air/en liberté » représentent au moins 17% de la production française, notamment via les productions AOC, Label Rouge et bio.

Les professionnels et experts de l’aviculture estiment que cette réforme est largement inspirée par les lobbies de l’élevage européen. Dans les autres pays européens, hormis l’Italie et le Royaume-Uni, la part des volailles élevée en plein air est négligeable, de l’ordre de 1 à 2%. Ainsi, des grands industriels allemands qui contrôlent des élevages industriels de très grande taille, ont tout intérêt à imposer une règlementation floue où tous les poulets se ressembleront.

Seuls les consommateurs français qui ont appris à reconnaître la qualité savent qu’ils y ont tout à perdre.

 

Lire : Poulet français ou poulet étranger

 

JC Nathan

 

Sources : pleinchamp

www.marianne.net

 

Photo : www.pouletdugers.com