Poulet français ou poulet étranger

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poulet

La France est un grand pays d’élevage de poulets. Pourtant, la moitié de la volaille consommée par les Français provient de pays à bas coût, dont le Brésil, l’Ukraine, la Thaïlande…

 

Les Français consomment environ 1,5 millions de tonnes de poulet par an (1,9 millions de tonnes de volailles en tout, avec la dinde). La production des élevages français (14 000 élevages de volailles) devrait largement suffire pour satisfaire leur appétit.  Or, près de la moitié de ces gallinacées (45%) sont importés, tout particulièrement du Brésil, de Thaïlande et … d’Ukraine.

 

Cantines, restaurants d’entreprise, industriels

 

On assiste à cette étonnante répartition des marchés. Le poulet acheté en grande surface par les ménages français est généralement du poulet français. Le poulet consommé dans les cantines, les restaurants d’entreprise, ou par les industriels, est importé. Pour schématiser, du poulet de toutes les qualités (qualité standart c’est-à-dire très basse, certifié conforme, Label rouge, bio pour une faible part …) dans les foyers domestiques, et du poulet de batterie de qualité inférieure dans les collectivités et les plats industriels.

 

Lire : Poulet, la vague des importations

 

Ouverture à l’Ukraine

 

Personne n’y prêtait grande attention et tout allait bien. Mais ces derniers mois, la concurrence du poulet ukrainien s’est considérablement accrue. Sur la première partie de l’année 2022, les ventes de poulet ukrainien ont été multipliées par deux. Les producteurs ukrainiens, confrontés à des difficultés d’expédition au Moyen-Orient liées à la guerre avec la Russie, se sont rabattus sur l’Europe (et la France), marchés atteignables grâce aux transports routiers. Ils ont été encouragés par une décision européenne d’ouverture des marchés à l’Ukraine.  Aussi l’Association nationale interprofessionnelle de la volaille de chair (Anvol) dénonce-t-elle une concurrence déloyale.

 

 

Densité des élevages

 

 

Les  fermes-usines du Brésil, de l’Ukraine ou de la Thaïlande possèdent des élevages de poulet qui comptent plusieurs centaines de milliers de volailles (voire jusqu’à un ou deux millions de poulets) alors qu’une exploitation moyenne en France regroupe quelques dizaines de milliers de bêtes.  Les pays à bas coût ne supportent pas la règlementation qui pèse sur les Européens en termes de densité des élevages ou de qualité de la nourriture.

 

Lire aussi,  Elevages de poulets industriels : le choc culturel

 

Les professionnels de l’élevage français de volailles crient à l’assassinat économique. On pourrait ajouter à cette bronca, le mécontentement légitime des consommateurs français, le plus souvent sous-informés sur l’origine et la qualité de la volaille qu’ils consomment. Cette situation commence à peine à être traitée,  grâce notamment à l’obligation depuis janvier 2022, d’étiqueter l’origine des viandes dans les cantines.

 

Aurélie Laroche

 

Sources : 60 millions de consommateurs

Ouest France