L’exposome, la somme de tous les effets de l’environnement, joue un rôle crucial sur notre santé. Explications.
Notre santé dépend en grande partie de l’environnement et de l’ensemble des expositions environnementales auxquelles nous sommes soumis tout au long de notre vie, à travers l’alimentation, l’air, les rayonnements, l’environnement sonore, psychoaffectif ou socioéconomique. Cet ensemble d’effets conditionnant notre santé est appelé exposome.
Cancers et agents dans l’environnement
Le concept est lancé en 2005 par le britannique Christopher Wild, épidémiologiste du cancer. Cancers, maladies neurodégénératives ou d’origine endocrinienne, etc. sont en partie la résultante d’une exposition à la combinaison de multiples facteurs : les agents chimiques présents dans l’environnement, les microorganismes avec lesquels nous sommes en contact, les carences alimentaires, le stress….
On estime que 70 % des maladies dites non transmissibles (non infectieuses), qu’il s’agisse de maladies cardiovasculaires ou métaboliques, de cancers ou encore de problèmes respiratoires chroniques, sont liés à ce large éventail de facteurs environnementaux.
Recherches pluridisciplinaires
Depuis une dizaine d’années, les chercheurs tentent d’intégrer cette nouvelle approche de la santé qui suppose de complexes recherches pluridisciplinaires. Au sein de l’exposome global, l’exposome chimique a commencé à susciter de nombreux travaux. Il est de plus en plus admis que notre santé peut être gravement impactée du fait d’une pollution chimique disséminée tout à la fois dans l’air, dans l’eau, dans les sols, dans l’alimentation, pollution faite de multiples substances chimiques industrielles (pesticides, polluants organiques persistants…) ou naturelles (mycotoxines, métaux lourds…).
A travers le placenta
Une recherche menée à Grenoble par l’Inserm a montré les effets délétères sur la fonction respiratoire de bébés, de l’exposition de femmes enceintes à diverses substances. On a mis en lumière l’impact du bisphénol A ou du dioxyde de titane, sur le fœtus, à travers le placenta. Ce que supposent les scientifiques, c’est que les multiples substances chimiques se combinent et génèrent une pollution délétère.
D’importants dispositifs de recherche et d’analyse ont été mis en place pour mesurer ces expositions : la plateforme Metatoul-AXIOM de l’UMR Toxalim à Toulouse, l’UMR Laberca (Laboratoire d’étude des résidus et contaminants dans les aliments) à Nantes, l’infrastructure nationale MetaboHub (CEA, CNRS, Inserm et plusieurs universités), le projet d’infrastructure de recherche nationale France Exposome (Inserm, Oniris).
Effets cocktail et effets de compensation
Les enjeux de ces programmes de recherche sont énormes. Il s’agit de comprendre comment ces différentes sources d’exposition vont jouer, se combiner (effets cocktails ou effets de compensation), quel est l’impact de ces expositions sur la santé (selon leur durée et l’âge de la vie auxquelles elles se produisent), et bien entendu mettre en place des actions de prévention. La connaissance de l’exposome global ne fait que commencer.
JC Nathan
Sources : Inserm