Pratiquée illégalement par les pêcheurs néerlandais, la technique de la pêche électrique pourrait être autorisée dans les eaux européennes.
La pêche électrique va-t-elle être votée par la Commission « pêche » du Parlement européen ? Cette nouvelle technique a été mise au goût du jour par les pêcheurs des Pays-Bas. Ce pays fait un intense lobbying auprès des instances européennes pour en légaliser la pratique. Les pêcheurs français n’ont aucun bateau équipé et y sont très opposés. Les pêcheurs y viennent notamment parce que les chalutiers « électrifiés » sont plus légers et diminuent de 30 à 40% leur consommation de gasoil.
Câbles électriques et paralysie des poissons
Comment fonctionne la pêche électrique (encore appelée électropêche ou electrofishing) ? Les navires déposent au fond de la mer des câbles électriques accrochés aux filets. Les fils électriques sont déposés dans le sédiment. Le courant électrique attire et paralyse les poissons (en particulier les poissons plats enfouis, soles, turbots…) qui remontent à la surface et sont aisément capturés.
Le taux de mortalité des juvéniles
Selon les associations de défense de l’environnement, la pêche électrique brûle et endommage les poissons, casse la colonne vertébrale de certains spécimens, et constitue une pratique inacceptable. Les pêcheurs français, en particulier ceux de la Côte d’Opale, dénonce une pêche irresponsable qui décime les populations de soles, de cabillauds, de turbots….
Selon Hubert Carré, le directeur général du Comité national des pêches, après le passage des chalutiers de pêche électrique, le taux de mortalité des juvéniles est important.
La pêche électrique interdite dans de nombreux pays
La pêche électrique est interdite dans de nombreux pays : les Etats-Unis, le Brésil, la Chine. Jusqu’à présent, la Commission européenne l’interdisait. Elle délivrait des dérogations autorisant l’équipement de 5% des chalutiers à perche, au maximum. Selon diverses sources, les Pays-Bas ont largement enfreint cette règle et équipé jusqu’à 84 navires au lieu des 15 autorisés.
Non seulement,, ils ont outrepassé la règlementation, mais en outre, à coup de lobbying, ils ont quasiment réussi à convaincre les responsables européens d’autoriser cette forme de pêche. Pour diverses associations environnementales, dont l’association Bloom, la légalisation de cette pratique serait regrettable. Elle encouragerait la surpêche et accélèrerait l’épuisement des ressources halieutiques.
Lire aussi : Surpêche en Méditerranée : nouvelle sirène d’alarme
Eric Allermoz
Sources : www.bloomassociation.org
Photo : Marc Ottini www.lemarin.fr