Au fil des mois et des études, les risques des perturbateurs endocriniens sont de plus en plus avérés, en particulier pour des populations vulnérables : femmes enceintes, bébés, enfants…
Une mission d’information parlementaire sur les perturbateurs endocriniens lancée en février 2019 vient de rendre ses conclusions. Elles sont sans concession. L’exposition aux substances chimiques perturbateurs endocriniens est encore plus élevée que ce que l’on croyait.
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Cinq grammes de plastique par semaine
Les vecteurs de cette exposition nocive sont multiples : alimentation, nanoplastiques, emballages, contenants plastiques, emballages de médicaments, environnement…), Selon les rapporteurs, nous ingérons chaque semaine cinq grammes de plastique (soit l’équivalent d’une carte de crédit). La seule question des nanoplastiques soulève ainsi l’inquiétante hypothèse du franchissement de la barrière tissulaire et de la diffusion dans les organes.
Graves pathologies
L’exposition à ces multiples substances, et donc leur absorption, loin d’être anodines, pourraient être à l’origine de nombreuses pathologies graves : malformations génitales, troubles de la fertilité, cancers, maladies thyroïdiennes, obésité, diabète, problèmes neurologiques… Le rapport pointe les risques élevés pour les publics vulnérables (femmes enceintes, enfants..) : « Les perturbateurs endocriniens peuvent générer des effets irréversibles sur la santé humaine pendant la vie fœtale, l’enfance et l’adolescence, même à faible dose, et peuvent parfois se répercuter sur plusieurs générations »alertent les rapporteurs.
Urgence d’agir
La mission parlementaire en appelle au principe de précaution et à l’urgence d’agir. A l’aune de ce rapport, on ne peut que regretter la lenteur des mesures de prévention adoptées, par exemple, concernant l’usage d’emballages et contenants plastiques dans les cantines scolaires.
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Mieux identifier les substances dangereuses
Les parlementaires demandent un renforcement de la règlementation européenne afin de mieux identifier les substances dangereuses, comprendre leurs effets, mieux les classer en fonction de leur dangerosité. Actuellement, les substances PE sont classées en Perturbateurs endocriniens « avérés » ou « suspectés ». La mission demande à ce que l’on ajoute une catégorie « présumés ».
La mission parlementaire en appelle à une meilleure coordination des agences sanitaires et à une harmonisation des règlementations, par exemple au moyen d’une gouvernance inter-agences.
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Eric Allermoz
Sources : Perturbateurs endocriniens : « les effets sanitaires et environnementaux restent mal estimés »
Photo : Nationalgeographic