Manger local n’est pas toujours source de moindres émissions de gaz à effet de serre. C’est l’un des enseignements d’une étude menée par l’Inra.
Manger local fait partie des bons principes des locavores et des écologistes qui ne veulent pas aggraver la « facture carbone ». La vogue des AMAP repose en partie sur la logique de proximité des sources d’approvisionnement.
Las, des chercheurs de l’Inra viennent de mettre à mal cette vision simple et rassurante de grandes villes entourées de zones de culture limitrophes, et de denrées parcourant quelques kilomètres sans pollution à la clef.
Des sites de production éloignés mais efficaces
Une étude récente de l’Inra montre que « manger local » n’est pas toujours aussi avantageux. Dans certains cas, si les sites de production éloignés sont plus efficaces que les sites proches (en termes de productivité agricole et de facture carbone), mieux vaut acheter des produits venant de ces sites.
Des transports locaux plus émetteurs
Un autre effet entre en ligne de compte. Autour des grandes villes, les besoins en surfaces agricoles accrus tendent à accroître les distances parcourues au sein de la région concernée. Or, les modes de transport utilisés au sein d’une région très peuplée sont souvent plus émetteurs que ceux utilisés dans le transport longue distance. On perd en émissions carbone ce que l’on avait gagné par ailleurs.
Selon les chercheurs, les effets du « manger local » sont incertains (voire négatifs) dans les grandes villes qui ont intérêt à importer. Les effets positifs sont plus évidents dans les villes à taille intermédiaire et les régions attenantes où il semble plus facile de rationaliser les flux des produits au sein des bassins de production agricole, et entre les bassins de production et de consommation.
JC Nathan
Sources :
www.versailles-grignon.inra.fr
De Cara, S., Fournier, A., Gaigné, C. (2017). Local Food, urbanization, and transport-related greenhouse gas emissions. Journal of Regional Science. 57:75. doi:10.1111/jors.12299.