Les députés de la majorité viennent de démontrer leur ignorance du dossier « huile de palme » en votant un assouplissement de l’importation de ce produit pour finalement faire machine arrière.
Panique dans l’hémicycle ces derniers jours. Des élus des Bouches-du-Rhône où est implantée la bioraffinerie de Total (à La Mède, près de Marseille) déposent un amendement favorable à l’importation d’huile de palme, l’une des matières premières utilisées pour faire du biocarburant. Les députés votent en faveur de cet assouplissement (en principe, cette huile était exclue de la liste des biocarburants à partir de 2020).
Vendredi 15 novembre au soir, l’Assemblée nationale fait marche arrière dans la soirée du vendredi 15 novembre en maintenant son exclusion de la liste des biocarburants qui bénéficient d’un avantage fiscal, contre l’avis de l’exécutif.
300 000 tonnes d’huile de palme durable
Pour fonctionner, la raffinerie de Total, l’une des plus importantes d’Europe, est calibrée pur traiter 650 000 tonnes d’huiles et graisses par an et produire environ 2 millions de tonnes de biodiesel. Suite à concertation avec le Ministère de la Transition écologique et solidaire, elle comptait s’approvisionner en huile de palme « durable et certifiée » (RSPO – Roundtable on Sustainable Palm Oil), au maximum à hauteur de 300 000 tonnes.
Lire aussi : L’huile de palme se cache partout
Dérivés d’huile de palme
En réalité, le dossier légèrement plus opaque qu’il n’y paraît. Total escompte aussi utiliser des dérivés d’huile de palme (PFAD, Palm Fatty Acid Distillates). L’astuce consiste à les présenter comme des produits résiduels de type déchets. Mais selon les spécialistes du ministère de l’écologie (Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée), l’impact environnemental de ces dérivés est tout aussi négatif. Selon les défenseurs de l’environnement, l’approvisionnement en huile de palme (brute ou dérivés) de la raffinerie pourrait être de l’ordre de 550 000 tonnes par an.
Trois quarts pour les carburants, un quart pour l’alimentation
La France est le 7° importateur mondial d’huile de palme avec environ 900 000 tonnes. Les trois-quarts servent à élaborer des biocarburants, tandis qu’un quart concerne l’industrie agro-alimentaire. Le principal fournisseur est l’Indonésie, producteur de plus de la moitié de l’huile de palme mondiale.
La plantation de palmiers à huile en Indonésie et en Malaisie contribue à la disparition de pans entiers de la forêt primaire et contribue gravement à la détérioration de l’environnement et au réchauffement climatique. Ces dernières années, l’Indonésie a perdu 25 millions d’hectares de forêts dont 7,5 millions pour la production agricole. Les plantations de palmiers à huile représentent 2,9 millions d’hectares.
Lire aussi : Huile de palme, la forêt tropicale reste l’enjeu primordial
Katrina Lamarthe
Sources : rfi